— Yggdrasil & ses Gardiens —

 | Yggdrasil

— Introduction

Au nord-ouest des terres connues, au point que l’on pense être le centre de La Brèche se hisse un if titanesque débordant d’énergie et de vitalité, un arbre que tous connaissent sous le nom d’Yggdrasil (Clairière du Nord, Sylve & Neivar), d’If (Clairière de l’Ouest) ou d’Arbre-Monde (Clairière de l’Est) et qui abriterait des gardiens végétaux nommés les Lifars.

Selon les plus vieux écrits, les plus vieux témoignages et les plus vieilles légendes, l’Yggdrasil aurait toujours plongé ses racines au plus profond de la terre et gratté le ciel de ses cîmes, surplombant La Brèche de son aura surnaturelle. Les croyances à son sujet sont nombreuses. Certains voient en lui un dieu qui aurait apporté et protégé la vie dans La Brèche, d’autres le croient à l’origine même de notre monde, séparant la terre du ciel pour créer La Brèche dans le gouffre ainsi formé et d’autres encore pensent qu’il n’est créateur ni de l’un ni de l’autre mais que ses propriétés mystérieuses participent d’une façon ou d’une autre à l’évolution de La Brèche et de ses habitants. Ainsi, tous s’accordent cependant sur un point : l’Yggdrasil est le cœur de La Brèche et à ce titre, il mérite le respect et la protection de tous les habitants de ce monde.

Si cet état de fait est aujourd’hui respecté de tous, cela n’a pas toujours été le cas. Le Premier Âge, Âge des Légendes, ne nous parvient aujourd’hui que sous la forme d’anciens récits contant principalement les méfaits de l’Empire Neivar et la lutte héroïque des autres peuples les ayant combattu jusqu’à leur chute. Plusieurs de ces anciennes histoires rapportent la destruction, à une époque donnée, de l’Yggdrasil par les Neivars et les conséquences de cet acte sur La Brèche.

— Destruction & conséquences

Il est dit qu’animés par de sombres commandements de leurs maîtres d’outre-monde, les Neivars aurait lancé un assaut généralisé afin de prendre le contrôle de l’Yggdrasil. Rencontrant sur leur chemin les Lifars, protecteurs de l’Arbe-Monde, ils auraient lutté jusqu’à écraser ces gardiens pour prendre possession de leur foyer. Mais après les conquêtes vinrent les pillages et branche après branche, feuille après feuille, les démons Neivars arrachèrent à l’Yggdrasil chaque once de son intégrité, ne laissant derrière eux qu’une vallée de terres retournées et privées de toute vie où ils s’affrontèrent dans une guerre intestine pour la possession de ce butin.

C’est alors que le monde s’écroula. Les rivières devinrent de sang, les arbres d’os et de chair, les nuages noircis par les cendres pleurèrent de l’encre gluante et de l’acide dévoreur, les plaines devinrent des déserts de feu et de glace alors que dans les montagnes désormais animées s’agitaient de monstrueux démons œuvrant à d’impies travaux. Privée de la protection de l’Arbe-Monde, La Brèche devint un cauchemar, un amalgame de fléaux qui plongea le monde dans un chaos que même les plus désespérées victimes des Neivars n’avaient pu voir dans leurs cauchemars les plus noirs.

        Après un Âge de lutte pour la survie dont il ne nous reste que des légendes, les Lifars et les peuples de La Brèche, faisant front commun, parvinrent à faire tomber l’Empire Neivar mais surtout à restaurer l’Yggdrasil au centre de La Brèche. Petit à petit, en une éternité de temps, l’Arbe-Monde parvint à reprendre ses droits sur le monde et à y apporter, à nouveau, la vie. Les grands noms d’autant se retrouvèrent alors autour de l’arbre sacré et conclurent un accord, scellèrent un pacte : celui de veiller à la préservation de l’Yggdrasil et de La Brèche pour éviter le retour d’un tel chaos. Ainsi, un Ordre de protecteurs naquit, un Ordre éternel, égide du monde face aux dangers qui le menacent, ainsi fut créé …

… l’Ordre des Gardiens de l’If.

 | Gardiens de l’If

— Les Lifars

Habitants de l’Yggdrasil depuis l’aube des temps, les Lifars sont des créatures végétales dont le seul intérêt est la protection de l’Arbre-Monde et donc, puisque l’un semble impliquer l’autre, la protection de la Brèche. Ils peuvent prendre de nombreuses formes, que leur silhouette soit humanoïde, animale ou indescriptible mais sont toujours constitués intégralement de végétaux, les espèces pouvant varier sur un même individu. Visuellement proches de certains Dyrvars végétaux, on les distingue de ces derniers par la puissante énergie verdâtre luisant de certains orifices et interstices de leur être.

Bien que l’étendue de leurs pouvoirs soit inconnue, on leur prête la faculté de manipuler la vie. Ceci leur permettrait de soigner les blessures, les maladies, d’octroyer l’immortalité ou même de créer des êtres nouveaux. Difficile de savoir ce qui est du ressort de la légende et ce qui est réel mais les Lifars restent, pour sûr, des êtres puissants, anciens et respectés dans la Brèche.

— Fondation de l’Ordre

Suite aux guerres légendaires du Premier Âge, la Brèche connaissait enfin une période de stabilité. Les nations se formaient, se développaient tout comme les cultures et les connaissances. Les batailles pour la vie laissèrent place aux batailles pour l’intérêt. La Brèche était habitée par le conflit, mais ces conflits ne menaçaient plus son intégrité. Pourtant, depuis l’Arbe-Monde, les Lifars le clamaient encore : le Mal rôdait toujours. Aussi, ils décidèrent d’offrir la paix aux habitants de la Brèche, la paix contre le sacrifice de nobles héros qui, devenant immortels, défendraient la Brèche pour l’éternité.

Siècle après siècle, le Deuxième Âge vit l’apparition de sages et puissants héros qui furent invités à l’Yggdrasil pour recevoir la bénédiction des Lifars en échange de leur servitude à la cause des Gardiens de l’If. Bien qu’ils prononcèrent leurs vœux en des siècles éloignés, tous finirent par se côtoyer dans la vie éternelle. Il fut décidé qu’un seul représentant de chaque grande race de la Brèche serait choisi pour faire partie des Gardiens de l’If, un témoignage de la puissance et de la diversité du monde qu’ils protégeaient.

— Les Cinq Immortels

○ Wyverna Drakelin, la Garde-Écaille

Connus comme les Premiers-Nés, les Alfars sont aussi les premières victimes de l’Empire Neivar ainsi que les premiers à s’être rebellés contre leur hégémonie. De tout temps, ils luttèrent et luttent encore contre les démons et leurs engeances. Aujourd’hui, certains, marqués par les faux pas de leur histoire, leur prêtent certains défauts, mais pour les Lifars, un fait ne changera jamais : les Alfars sont nés pour protéger. Ainsi, dans leur quête des Gardiens de l’If, ils s’intéressèrent rapidement à l’une des premières communautés stables de la Brèche, en paix et ayant développé des arts nouveaux : les Alfars de Lumière de la Cité Éternelle de Karna.

Tôt dans l’histoire du Deuxième Âge, de nombreuses communautés d’Alfars Ancestraux quittèrent les communautés de Dyrvars qu’ils accompagnaient pour privilégier la protection de leur propre peuple, ainsi, ils fondèrent ensemble Karna, la Cité Éternelle. Anciennement liée aux Soriens (Dyrvars Lézards), Wyverna avait elle aussi quitté son ancien peuple, malgré la profonde affection qu’elle avait à leur égard, pour participer à la fondation du Premier Foyer. Elle se vit octroyer le nom “Drakelin” à cette époque. Après l’assimilation des Bjarls (Dyrvars Tigres) à Karna, au rôle de protecteurs, Wyverna, sachant la Cité Éternelle sûre, décida de partir en voyage malgré les craintes de ses semblables quant à sa propre sécurité. C’est armée des nouvelles connaissances et des nouveaux pouvoirs alfars qu’elle prit la route, bien décidée à mettre ses nouveaux talents au service d’une cause plus grande.

Comme tous les Alfars dits “de Lumière”, Wyverna était devenue pratiquante des Arts Karniques et était donc capable de concocter des potions altérant la forme du vivant. Excellant dans ces arts, elle serait l’une des premières à avoir réussi la création de nouvelles espèces viables. Toujours animée d’un amour puissant à l’égard des Soriens, Wyverna aurait appliqué ses recherches sur les lézards afin de les faire évoluer en les dotant des nombreux avantages que peut octroyer la nature. De taille et de couleur variable, tous présentaient des muscles saillants, une queue préhensible, des griffes, des cornes et des crocs puissants, des sens affutés, de grandes ailes, le tout couvert d’une armure d’écailles infranchissables. Une nouvelle espèce était née, portant le nom de leur créatrice, ils se firent nommés les Drakes (et plus tard, Dragons). Elle utilisait ses créatures sous bien des formes, parfois incongrues mais toujours efficaces. Elle-même altérait souvent son apparence pour se rapprocher de ses enfants, portant parfois leurs cornes, parfois leurs écailles, parfois leurs yeux et parfois d’autres parties d’eux. Il lui arrivait même, souvent au combat, de prendre une forme strictement identique à la leur, anthropomorphique ou non. Les légendes à son sujet racontent même que ni la barrière de la langue ni la distance ne pouvait la couper de ses petits et que même répartis sur la Brèche toute entière, ils agissaient toujours telle une armée sous ses ordres.

Si aujourd’hui encore, les Dragons sont connus, c’est par leur rôle de gardiens. En effet, dès son départ de Karna et durant tout le Deuxième Âge, Wyverna aurait découvert de nombreux restes de l’Empire Neivar et de l’influence démoniaque renfermant des savoirs et des pouvoirs qu’il valait mieux garder endormis. Ainsi, ses Dragons devinrent maîtres de ces lieux et reçurent pour ordre d’en chasser les visiteurs et de tuer les démons et pratiquants de Première Voie tentant d’en passer les portes. Surprenamment pour l’époque, elle ne fit pas des Neivars en eux-mêmes la cible de ses ouailles, distinguant ce peuple à l’histoire certes sombre, du pouvoir et des influences les ayant mené à leur perte comme à celle de la Brèche. Sa détermination à localiser et à sécuriser les ruines du Premier Âge ainsi que son cœur bienveillant même à l’égard des terribles Neivars fit d’elle un Alfar à part aux yeux des Lifars. Ainsi, elle fut la première à être appelée à l’Yggdrasil, la première à rejoindre les Gardiens de l’If, la première Immortelle et dès lors connue sous le titre de Garde-Écaille.

Durant son service millénaire, Wyverna développa la force de ses dragons à un niveau inimaginable et incompréhensible pour ses comparses Alfars en les dôtant de pouvoirs surnaturels. Manieurs de feu, de foudre ou même de sang et bien d’autres, il devenait nécessaire de distinguer ces êtres magiques de leurs ancêtres. Le monde distingua dès lors les drakes/dragons dits “anciens” des simples drakes/dragons. Seule pendant plusieurs siècles, la Garde-Écaille était autrefois le fer de lance des Gardiens de l’If face à la plupart des démons dépassant la puissance des peuples de la Brèche. Mais avec le temps, les mortels gagnèrent en puissance et les rangs des Gardiens s’épaissirent. Ainsi, Wyverna passa la seconde moitié du Deuxième Âge à s’occuper de ses Dragons, des ruines sous sa protection et des rares batailles aériennes où ses capacités uniques étaient alors requises.

○ Bloom, le Garde-Cycle

Si les Alfars sont souvent reconnus comme les premières victimes de l’Empire Neivar, les Dyrvars sont reconnus comme ceux ayant le plus souffert de ses exactions. Peu loquaces sur les horreurs du Premier Âge, ils ne parlent qu’à demi-mots des blasphèmes et des déicides, mais aussi de la profonde démence qui a gagné l’esprit des leurs par le passé. Principale force de frappe dans la révolte contre les Neivars, c’est de leur sang que le sol fut le plus teinté. Ainsi, si leur passé douloureux les couvre néanmoins de hauts-faits justifiant leur valeur, le présent n’est pas en reste. Aujourd’hui encore, les Dyrvars sont omniprésents dans la Brèche. Ils sont le premier vecteur de la Foi et ainsi, leurs cultes éduquent et transmettent des valeurs aux leurs comme aux fidèles d’autres peuples. Durant toute la première moitié du Deuxième Âge, ils étaient les maîtres de la Brèche avec une hégémonie sur la Clairière de l’Est et sur la Sylve. S’ils ont aujourd’hui perdu en prestige, il était tout naturel pour cette époque de tourner le regard vers eux à la recherche d’un nouveau héros.

Les Mulberhs sont un peuple mystérieux pour les habitants de la Brèche, isolés au plus profond de la Sylve, leurs sorties sont rares et seuls ceux qui traversent les forêts antiques peuvent avoir la chance (ou la malchance) de rencontrer des représentants de cette race plus que territoriale. Ainsi, les origines de Bloom, comptant comme l’un des leurs, sont bien méconnues de tous. Comme beaucoup de ses semblables, Bloom était un pratiquant du Culte de Mu, déité des Cycles, et entretenait à ce titre son propre Jardin, tirant de l’harmonie de cet écosystème sa puissance. Si sa petite taille de moins d’un mètre semblait indiquer la faible surface occupée par son Jardin, la puissance qu’il pouvait déployer révélait quant à elle la puissance individuelle des éléments y figurant et des cycles animant ces derniers. Le Feu, l’Air, l’Eau, la Terre, on dit que le Jardin de Bloom représentait l’harmonie entre ces forces élémentaires et que ce dernier pouvait les manifester dans la subtilité d’une brise comme dans la puissance d’une éruption.


        Les hauts-faits de Bloom n’ont que peu fait parler d’eux dans les Clairières de la Brèche, sa légende principalement confinée dans les frontières de la Sylve. On raconte cependant qu’il aurait à plusieurs reprises vaincus monstres et démons approchant l’Yggdrasil, que cela soit pour nourrir son Jardin de leur puissance ou pour protéger ce haut-lieu de la nature. Ce sont ces victoires qui attirèrent un jour le regard des Lifars qui lui proposèrent de rejoindre les Gardiens de l’If, faisant de lui le deuxième Immortel dès lors connu sous le titre de Garde-Cycle, représentant des Dyrvars au sein de cet Ordre. Suite à son intronisation, il aurait continué sa lutte au sein de la Sylve, mettant à terre nombre de puissants démons qui y rôdaient. Si l’ampleur de son travail reste encore aujourd’hui méconnu, il n’en reste pas moins majeur dans la pacification de la Sylve, empêchant les poches démoniaques de s’y développer durant le Deuxième Âge.

○ Jeanne d’Orval, la Garde-Lame

S’il y a bien une des cinq grandes races de la Brèche qui porte au plus profond de son sang et de son histoire les traits des héros, il s’agit bien de la race des Manars. Malgré les différences propres à chaque ethnie, ils se révèlent tous comme de fiers combattants défendant leurs familles, leur territoire, leur histoire et leurs valeurs. Certains racontent que les plus grands héros du Premier Âge sont issus de leur sang et du Dieu-Roi à Magnhilde le Fléau-Blanc, même l’histoire moderne conte les exploits des représentants de ce peuple. Souvent en quête de gloire et de renommée légendaire, il était évident pour tous qu’un des leurs finirait par rejoindre l’Ordre et c’est vers une brave aventurière que les Lifars finirent par se tourner.

Jeanne était, au milieu du Deuxième Âge, l’héritière légitime du Seigneur d’Orval, maître du fief éponyme, vassal du Roi Frel de Damasius. Connue pour les mines d’or entourant son val, cette seigneurie exploitait les terres pour en tirer leur fortune et gagner en pouvoir comme en influence. Promise à la succession, Jeanne était destinée à diriger l’armée d’Orval pour répondre aux appels du Roi et se mesurer aux trois autres Royaumes Frel. Ce n’était pourtant, pour elle, pas ici que se trouvait la véritable menace car ces guerres ne relevaient que de l’Envie et de la Colère rongeant le cœur des Hommes. D’autres maux, plus vils, menaçaient le fief, le Royaume et même la Brèche toute entière depuis l’aube des temps.

Si tous combattaient déjà à l’époque les démons convoqués par les Neivars et les fous mettant la main sur leur savoir interdit, aucune force majeure ne se souciait des simples monstres : des gobelins aux trolls en passant par des créatures plus exotiques, certains les considéraient comme des races à part entière mais pour beaucoup, le manque de communication possible couplée au nombre d’accidents qu’ils provoquaient et à la présence régulière d’un démon (mineur ou non) aux traits similaires à eux à leur tête ont fait d’eux une catégorie à part dans les races de la Brèche. Ainsi, c’est eux que Jeanne décida de combattre. Elle tourna le dos au noble siège qui lui était promis et partit sur les routes, mettant sa force et celle de son arme au service des plus faibles contre les monstres et les menaces qui rôdaient autour d’eux.

Comme tout Frel, Jeanne d’Orval avait hérité d’une arme nourrie par les exploits de ses ancêtres : une lance-étendard portant le blason de la seigneurie d’Orval et baptisée Chanteroi. Maniée par tous les seigneurs d’Orval dès leur plus jeune âge, le fer de cette lance n’a que peu goûté le sang mais son blason a animé bien des cœurs sur les champs de bataille les plus désespérés. Connue comme la lance des seigneurs et des généraux, Chanteroi apporterait le génie militaire et la victoire au camp pour qui elle se hisse. Jamais seule, elle serait toujours accompagnée des soldats ayant juré de la défendre. Ainsi, les témoins des affrontements de Jeanne rapportent tous la présence à ses côtés d’une armée dorée, fantomatique, qui déchaînerait ses fantassins, ses archers et ses cavaliers sur les ennemis de l’héritière et dans le sillon de ses mouvements.

Sa renommée dépassa les frontières Frels lorsqu’elle déclara à elle-seule la guerre aux feuillesangs, des tréants sanguinolents qui pullulaient à l’époque dans le Royaume de Rubeus et les territoires limitrophes. Traquant ses ennemis un par un, Jeanne s’attira le courroux de Zalan, le Duc de Cinabre, un démon qui aurait usurpé le trône d’un petit duché éponyme du Royaume de Rubeus et qui commandait aux feuillesangs pour alimenter d’immenses réserves sanguines servant à ses sombres pouvoirs. Celui-ci finira par envoyer l’intégralité de sa horde dans une bataille finale contre elle, bataille où ils se feront tous annihiler, lui compris.

Ainsi reconnue de tous comme une véritable héroïne, Jeanne fit connaître sa légende au travers des frontières et brilla tant qu’elle offrit à sa lame un nouveau nom — et plus exceptionnel encore, un mot unique — Légion. Elle sera bien vite invitée par les Lifars à rejoindre les Gardiens de l’If et c’est ainsi au sixième siècle du Deuxième Âge qu’elle devint la Garde-Lame, troisième Immortelle, représentant des Manars dans la protection du monde. Ses apparitions ne seront que trop rares à partir d’ici, les légendes à son sujet contant son départ, sous ordre des Lifars, pour une guerre au-delà du commun et du visible. Ce n’est qu’à l’apogée du conflit contre la Wisehead que la Garde-Lame fera son retour dans la Brèche, gardant à elle-seule, grâce à son armée fantôme, plusieurs fronts dans le bassin Frel.

○ Sven, le Garde-Fel

Peu de choses sont sues avec certitude quant aux fléaux du Premier Âge, mais la seule vérité rapportée par l’histoire est bien la suivante : le chaos est né des Neivars. On dit qu’ils complotèrent autrefois avec de sombres entités afin de pousser le monde à la ruine et à la destruction pour tirer de ses cendres fortune, gloire et pouvoir. Cette quête les poussèrent à détruire l’Yggdrasil, à transformer la Brèche en un enfer cauchemardesque et à corrompre les êtres qui croisaient leur chemin. C’est par l’alliance de leurs victimes et des Lifars qu’ils furent défaits et des siècles durant, les restes de leur Empire et de leur peuple furent traqués et effacés. Ils étaient les pires ennemis de la Brèche et personne n’imaginait que les Gardiens de l’If, protecteurs du monde, pourraient compter l’un d’eux dans leurs rangs. Pourtant, les Lifars, dans leur infini compassion, en décidèrent autrement. Les Neivars sont des habitants de la Brèche et malgré leurs erreurs passées, ils méritent aujourd’hui d’y vivre. Ainsi, les Lifars observèrent les Neivars et offrirent le pouvoir à celui qui portait au mieux le titre de héros.

Un jour, les éclaireurs de Karna rapportèrent un mouvement suspect à la Cité des Alfars de Lumière. Un Neivar semblait fuir des Cîmes Azurées, fief de la tribu belliqueuse des Augnskai. Il hurlait à l’aide en accourant vers leurs portes. Encore une stratégie des Neivars pour tromper leur infinie générosité ? Ils ne se feraient pas avoir. Aussi, ils décidèrent de garder leurs portes closes, condamnant l’inconnu au Tribut. Après des années de survie en milieu hostile, le Neivar parvint à dresser une des créatures de la région afin de traverser la Sylve et d’entamer un tour du monde. Nul ne connaît les détails de ce voyage mais l’histoire racontera qu’il préparait dans l’ombre l’exploit qui le ferait bientôt connaître.

C’est plus de dix ans plus tard que l’homme désormais connu sous le nom de Sven se présenta aux portes de Karna, désormais marqué d’un âge avancé, cet état, chez un Neivar, semblant indiquer les dernières années de sa vie. Si les portes lui étaient toujours fermées, le Neivar ne semblait plus leur faire face, implorant, il leur tournait le dos avec confiance. Face à lui, loin à l’horizon, une lueur se dessinait. La tribu Augnskai quittait ses bois, armée de griffes, de démons et de magies interdites. Mais ils n’étaient pas seuls : le Leikaseekr d’antan était entouré de quatre créatures indicibles à la puissance mythologique dont la simple vision suffisait à faire sombrer dans la folie.

Les forces de Karna se mirent en branle et se préparèrent à la défense quand Sven s’exprima d’une voix si forte qu’on l’aurait cru portée par l’ouragan : “Les Premiers-Nés n’auront plus à connaître la peur et la mort des mains d’un ennemi vaincu. Moi, Sven, je mettrai fin à ta folie.” Soudain, quatre puissants cercles magiques s’illuminèrent aux quatre coins du Tribut et Sven annonça. “Ô puissances intangibles, seigneurs invisibles, retournez-vous contre les faibles qui font de votre grandeur leur arme et faites de leur foyer votre fief éternel. Puisse les fruits de mon voyage satisfaire votre faim.” Sur ces mots, les quatre calamités se mirent à ravager les lignes Neivars par la destruction et la folie et les poussèrent au repli dans leurs bois secrets. Ils suivirent leurs nouvelles proies dans les Cimes Azurées et cette région deviendra la prison des Augnskai ainsi que le tertre des Quatre Calamités pour les siècles à venir. Ayant repoussé l’offensive Augnskai à lui seul, la puissance déployée par Sven avait fini de pousser son corps au-delà de ses limites. Le vieil homme s’écroula au sol mais son sacrifice fut reconnu … puisque les Alfars décidèrent de sauver l’inconnu qui avait décidé de les protéger malgré leur rejet. Ce n’est que quelques temps plus tard qu’il fut invité à rejoindre les Gardiens de l’If et c’est ainsi au huitième siècle du Deuxième Âge que Sven devint le Garde-Fel, quatrième Immortel, représentant des Neivars dans la protection du monde.

Durant ses siècles de service, Sven était connu comme le plus discret des Gardiens, après le Garde-Cycle. On raconte qu’il usa de sa longue vie pour étudier les mystères de la Première Voie, des démons qu’elle convoque et que le savoir était sa première arme. N’appelant aucun démon ni aucune malédiction à son service, Sven voyageait à travers le monde, appuyé sur ce que l’on disait être une branche de l’Yggdrasil lui-même et usait de son savoir pour former au mieux les exécuteurs Maalkvi et tous ceux qui combattaient les démons. On dit que s’il n’a jamais pourfendu de démons de ses propres mains, ses mots étaient toujours écoutés de ceux-ci, aussi puissants soient-ils et qu’il parvenait toujours à négocier la fin de leurs exactions lors de ses très rares interventions.

○ Übermensch, le Garde-Pierre

Les Dvars seraient les derniers enfants de la Brèche, le dernier peuple à avoir émergé des ruines du Premier Âge. Aucune légende de cette ère ne contant les exploits des Dvars au cœur du chaos, il est aujourd’hui admis que faute, au mieux, d’existence, sinon de développement, ou pire, d’intérêt, ils n’ont aucunement souffert des exactions Neivars et aucunement participé à leur déchéance. Trop jeunes, trop bélliqueux, amis des Neivars sans faits d’armes face aux ennemis légendaires de la Brèche, ils n’ont jamais été considéré comme des héros … jusqu’à Lui.

Bien que son véritable nom ait été effacé par le temps, la renommée et les efforts en ce sens, on sait de lui que les manipulations d’un démon aurait fait passé le meurtre de ce dernier pour celui d’un noble, conduisant le Dvar alors inconnu et modeste au Procès de Cristal, une exécution par radiation du Ström. Par miracle, le Dvar était la chance parmi un milliard d’autres : le premier Dvar immunisé aux radiations du Ström. Donnant ainsi le temps au Tribunal de reconnaître la vérité, le Dvar sera gracié par l’Empereur et rejoindra ses soldats d’élite, héros du peuple Dvar armés par la technomagie du Ström : les Strömritters.

Chaque Strömritter est associé à un Strömeister, technomage du Ström créant ses équipements. Cependant, Übermensch, ce nouveau guerrier, n’étant pas comme les autres, il était nécessaire pour l’Empire de Pierre de profiter de son immunité. Aussi, il fut associé à l’un des plus grands technomages de l’époque, Berthold Heimer. Rapidement, Übermensch fut équipé par la pointe de la technologie Dvar alimenté par l’énergie infinie que son corps pouvait supporter et transporter. En armure intégrale, ses principaux pouvoirs, offerts par cette dernière, décuplaient ses facultés naturelles (force, vitesse, endurance, résistance) à un niveau absurde en plus de lui permettre de voler. Cependant, il était parfois équipé d’armes ou d’outils aux pouvoirs variés afin de répondre aux situations les plus particulières.

Accomplissant son devoir des années durant, Übermensch combattit plusieurs démons particulièrement agressifs avant que les caravanes Maalkvi ne puissent arriver sur place et protégea les fronts de l’Empire de Pierre face aux nations qui le menaçaient sans jamais apporter la mort aux soldats ennemis pour qui il éprouvait, dit-on, beaucoup de compassion. Reconnu pour sa puissance et sa grandeur d’âme, il fut finalement invité par les Lifars à rejoindre l’Yggdrasil et les Gardiens de l’If. Malgré la frustration des Dvars de perdre un tel élément militaire, ils ne purent refuser d’honorer les accords ancestraux et choisirent plutôt de se complaire dans la fierté d’un tel accomplissement pour leur peuple. Ainsi, Übermensch devint le Garde-Pierre, dernier des Cinq Immortels, représentant des Dvars dans la protection du monde. Rejoignant l’Ordre durant les exactions de la Wisehead, le Garde-Pierre est principalement connu pour avoir vaincu, aux côtés de Ragnhild, ancienne Markvodür et Éxécutrice-en-Chef des Neivars de la tribu Maalkvi, un surpuissant démon des Formes appelé par la Wisehead dans le Sud de la Clairière de l’Est.

— La Fin d’une Époque

○ L'Ultime Bataille

Ainsi, ils étaient au complet, représentant tous les peuples de la Brèche, amis d’aujourd’hui comme ennemis d’hier. Leur cause commune leur fit dépasser les frontières de l’histoire et de la culture pour former un cercle soudé. Alors à leur apogée, les Gardiens de l’If firent face au grand ennemi de cet Âge : The One, une créature inconnue et surpuissante armée de toutes les magies découvertes par la Wisehead.

Ce fut une bataille historique, la Coalition des Nations de la Brèche luttant contre les forces de la Wisehead alors que les Gardiens de l’If tentaient de mettre fin à l’hégémonie de The One. Les plus puissants pouvoirs et artefacts furent employés par les Gardiens pour vaincre leur ennemi … au prix de leur propre vie.

○ Un Nouvel Âge

La Wisehead était défaite, les Coalitions des Nations ratifièrent de nouveaux accords et traités pour réguler l’usage de la magie : c’était le début du Troisième Âge, Âge que l’on connaît encore aujourd’hui. Cela fait désormais plus d’un demi-siècle que la Brèche est privée de Gardiens et si aucune menace majeure n’a éclaté depuis, le temps finira bien par porter préjudice. Ainsi, une seule question anime les lèvres des plus inquiets : qui seront les prochains Gardiens de l’If et quand seront-ils appelés ?