Les Enfants de la Vallée
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Bataille Kelt | (par Ralph Horsley) |
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La Vallée des Dames | (Mountain Valley, par Philipp A. Urlich) |
La Vallée des Dames (Ladi Laakso en ladivir, langue féérique) est le nom donné à la vallée jalonnée et fertile peuplée par les Kelts depuis des âges reculés. Principalement entourée par la Sylve, elle n’est pourtant séparée de Karna, à l’ouest, que par une fine bande de celle-ci. La seule frontière terrestre historique qu’elle partage est au nord-est avec les Monts Écarlates de l’Empire de Pierre. Plus récemment, les expériences dvars ont mené à l’accident de Blauerscham, transformant une partie de la Sylve en un cauchemar de cristal que peu souhaitent traverser. Cette région s’étend du sud de la Vallée des Dames à l’ouest des Monts Verdoyants.
Le climat tempéré de la zone et les paysages oscillant entre des bois profonds, de grandes plaines et quelques reliefs en font le territoire de villégiature idéal pour, en plus des Kelts et des nombreuses autres races qu’ils accueillent avec joie, de nombreuses espèces de Dyrvars, particulièrement présentes. On peut nommer en premier lieu les Waraboucs (Dyrvars Boucs), anciens alliés des Dvars, dont le partenariat remonte, dit-on, aux Premières Guerres de Fer du début du Deuxième Âge. Ce sont cependant loin d’être le seul : les Carnutes (Dyrvars Cerfs) et bien d’autres ont également élu domicile dans ces vals boisés, accompagnés parfois d’Alfars Primitifs qui viennent encore ajouter à la diversité de la vallée, tout ce monde vivant en harmonie relative, sous le règne de l’Empire de Pierre auquel ils sont vassalisés.
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Guerrière Kelt | (par shkimart) |
Les Kelts sont des humanoïdes de taille moyenne. Les femmes oscillent entre 1m60 et 1m80, tandis que les hommes sont un peu plus grands, se trouvant en général entre 1m70 et 1m90. A la différence de la plupart des autres Manars, qui naissent avec une couleur de peau plus ou moins unie, les Kelts sont pourvus dès la naissances de marques colorées : un enchevêtrement de lignes, points et courbes semblables à des peintures de guerre incrustées à même la pigmentation de la peau.
La couleur de ces marques n’est d’ailleurs pas fixe et change au rythme des saisons. Vert avec la floraison, elles virent peu à peu au rouge quand vient le temps des récoltes, puis se décolore pour attendre le jaune quand les premières feuilles tombent, afin de finalement atteindre le bleu au solstice d’hiver, et de recommencer le cycle. Les ethnologues de la Brèche s’intéressent souvent à cet étrange phénomène et à la manière dont celui-ci a intimement façonné la culture Kelt et leur célébration du cycle de l’année.
En ce qui concerne leur aspect moins mystique, la chevelure des Kelts est de couleur blonde, rousse ou d’un rouge franc, même si de rares exceptions sont possibles dans le cas d’héritages mixtes. Leurs yeux sont bleus, verts ou gris, avec une prédominance légère pour cette dernière teinte. Finalement, il n’est pas rare de croiser un Kelt avec des taches de rousseur, ce trait semblant être plus prépondérant chez cette ethnie Manar que chez les autres.
De par la proximité des Kelts et des peuples Dyrvars proches, il est possible de rencontrer des individus issus de ces deux peuples. Ils se démarquent alors des autres Manars par quelques parties animales comme des pattes, des oreilles, une queue, des cornes ou autre.
De même, l’affiliation des Kelts à l’Empire de Pierre rend les interactions avec le peuple Dvar plus courantes qu’avec d’autres peuples. Là aussi, des relations peuvent se tisser et des êtres peuvent naître d’une telle union. Dans ce cas, la peau du jeune Kelt prend une teinte sombre, entre le gris et le bleu et ses marques corporelles prennent la forme d’une fine couche de cristal coloré plutôt que d’une simple pigmentation de la peau.
Autre exception physique, il arrive qu’un Kelt rencontre dans les bois une Fée avec laquelle il ou elle échange un instant intime ou noue une relation amoureuse. L’être issu de leur union sera en tout point semblable à un Kelt si ce n’est ses oreilles qui finiront en pointes.
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Les Kelts sont un peuple paisible. Sans volonté expansionniste, il ne leur en faut pas beaucoup pour être heureux : seulement l’accès aux ressources vitales et un peu de place pour s’installer et se développer. Ce manque d’ambition et de volonté de progrès est par ailleurs mal vu par la société Dvar, habituée à la productivité à outrance, l’expression péjorative “Heureux comme un Kelt” servant même à désigner quelqu’un sans ambition, se contentant de peu.
Assez proche de la Nature, ils chassent, cueillent et pêchent en se limitant afin de ne pas nuir à l’écosystème, guidés en cela par leurs druides (bard en ladivir), qui définissent les limites nécessaires afin que la tribu puissent jouir d’une existence confortable sans nuir aux autres êtres vivants. Cette importance des druides se retrouvent d’ailleurs dans les croyances et superstitions, éléments centraux de la vie Kelt, par leur rôle d’augure et de guide.
En effet, il n’existe de Kelts qui ne soient superstitieux : les superstitions guident leur vie, ponctuées par les traditions de leur peuple et la marche inlassable des saisons. C’est en les suivant qu’un Kelt construira sa légende. Car là est le désir de tout Kelt, réussir à devenir un grand nom, une figure importante pour les autres de son peuple afin de réussir, à sa mort, à franchir le brouillard entourant la Brumeterre, lieu légendaire où vivent les Immortels et où peuvent couler des jours heureux les grands Kelts de jadis pour l’éternité.
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Si les druides sont des personnalités importantes pour la société Kelt de par leur sagesse qui les prédispose à servir de guides ou de gardiens, ils ne doivent pas ces traits qu’à leurs qualités intrinsèques mais aussi au pouvoir qu’ils détiennent. Ce savoir ancestral, passé de druide à druide par tradition orale, se nomme le Chant des Dames (Ladi Runo en ladivir) et il permet à ses pratiquants de s’unir à la Vallée des Dames pour profiter de sa puissance ancestrale.
Druide | (par Manuel Castañón) |
Par la poésie et la musique, les druides renforcent et meuvent la nature et ses multiples visages avec qui ils échangent leurs pensées et leurs sens. Qu’ils soient sédentaires et gardiens de lieux mystiques ou nomades et missionnaires, les druides n’ont pas assez d’une seule vie pour espérer se lier à la Vallée des Dames toute entière. Ainsi, tous entretiennent un lien unique avec un Fragment de la Vallée, que cela soit une pierre, un arbre, un nuage, un oiseau ou même une fourche. Les druides se regroupent alors avec ceux partageant un Fragment similaire pour former des Domaines représentant les plus larges facettes de la nature. Guidé par un archidruide chacun, ces Domaines (certains secrets d’autres connus), oeuvrent à la protection de la Vallée des Dames et de ses habitants.
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Il est dit qu’à l’aube des Temps, le Ciel et la Terre auraient enfanté les Quatre Dames. Le premier, voyant la terre, si vaste et vide, aurait versé une larme, la première goutte de pluie. Alors qu’elle s’écrasa au sol, Gwenaëlle, la Dame Bleue, sortit de celle-ci. Pendant longtemps parcourra-t-elle les étendues désolées de la Terre, à la recherche de quelqu’un avec qui discuter et partager sa vie. Mais nul ne répondit à ses appels, qui se contentaient de résonner vainement dans les monts et vallées.
Un jour, alors qu’elle appelait encore, un de ses cris fut pris par l’écho d’une grotte, et finit par atteindre les oreilles de la Terre. Celle-ci, constatant la vacuité de la quête de Gwenaëlle, choisit de répondre à ses prières, et fit germer un bourgeon. Intriguée, Gwenaëlle s’approcha de cette nouveauté dans ce monde stérile mais, lorsqu’elle le toucha, la fleur éclot et en sortit Eveline, la Dame Verte, la réponse de la Terre à son appel. Les deux vécurent ainsi longtemps ensembles, seules sur Terre, explorant chaque crevasse et chaque océan, comptant chaque étoile et chaque nuage. Mais la fleur de laquelle était sortie n’avait pas disparu et, bercée par le son de leurs rires et de leur joie, finit par devenir un fruit.
Ce fut Gwenaëlle qui remarqua en premier cette transformation, et elle sentait en elle que c’était là la naissance d’un autre être. Prise d’un instinct protecteur, elle demanda à Eveline de chanter à sa mère, la Terre, afin qu’elle érige une protection entourant le fruit, pour que le vent ne puisse l’abîmer, ne laissant qu’un trou au sommet pour que les rayons du soleil puissent le réchauffer. Puis, elle monta la garde, demandant à sa compagnonne d’aller chercher de l’eau pour que le fruit continue à se développer, alors qu’elle vérifiait que rien ne puisse l’atteindre. Eveline ne comprenait pas la fièvre qui semblait désormais habiter sa seule amie, mais s'exécuta, ne souhaitant que son bonheur.
Cependant, il était impossible d’écarter tout danger. Le Ciel, content de voir que Gwenaëlle était enfin heureuse, n’avait plus de raison de pleurer, et la pluie se fit de plus en plus rare alors que le soleil était de plus en plus chaud, si bien qu’un jour, le fruit qui était sur le point d’arriver à maturation pris feu. De ce feu sortit Morrigan, la Dame Rouge, qui vit le jour sous le triste son des pleurs de Gwenaëlle, qui tenta, en vain, d’éteindre le brasier, de protéger le fruit donneur de vie. Mais ni son intervention, ni les tentatives d’Eveline ne purent y faire quelque chose : le fruit était mort.
Gwenaëlle fut inconsolable, et pleura pendant de longs mois. Eveline tenta tout pour lui redonner le sourire, lui changer les idées, mais rien n’y faisait. Alors, elle tenta d’explorer le monde avec Morrigan, comme elle l’avait fait avec Gwenaëlle, mais la Dame Rouge n’est pas la Dame Bleue, et cela ne combla aucnement le creux dans le cœur d’Eveline. Alors, dans une ultime tentative, la Dame Verte retourna aux restes calcinées du fruit et, avec l’aide de Morrigan, qui se sentait coupable pour le prix qu’avait eu sa naissance, essaya de consoler Gwenaëlle en donnant une cérémonie en son honneur.
Ensemble, les trois Dames se réunirent autour d’un feu produit par Morrigan, dans lequel elles déposèrent le fruit. Ensemble, elles pleurèrent. Gwenaëlle, pour cette enfant qu’elle aimait tant, désormais perdue. Eveline, pour la peine que cette perte avait engendrée chez son amie. Morrigan, pour le rôle qu’elle avait joué dans celle-ci. Elles pleurèrent encore et toujours, jusqu’à ce que le feu s’éteigne de lui-même, et qu’elles ne tombent de fatigue. A leur réveille, les Dames purent découvrir avec stupeur la présence parmis elle, endormie parmi les cendres de l’âtre, de Kiara, la Dame Jaune, celle qui a trompé la mort.
Gwenaëlle embrassa Kiara et, pour la première fois depuis ce jour fatidique, sourit. Désormais heureuses et en harmonie, les Quatre Dames oeuvrèrent de concert pour arranger la Terre et la peupler. Insufflant leur essence dans les choses qui les entouraient, elles créèrent les arbres et les animaux, façonnèrent les vallons et arrangèrent les monts. Puis, alors que leur œuvre était presque terminée, Gwenaëlle eut une idée supplémentaire : pourquoi ne pas créer des êtres capables d’en apprécier la beauté, capable de liberté, et de façonner l’avenir ? Les autres Dames approuvèrent, et ainsi furent créés les Kelts.
Les Dames | (The Shepherd’s Dream, par Henry Fuseli) |
Finalement, face à la Terre achevée, les Dames virent un dernier problème. Les Kelts étaient mortels, et allaient un jour mourir. Après leur éreintante vie, certains mériteraient, sans doute, un repos. Toutes se tournèrent alors vers Kiara, la seule capable de savoir ce qui se trouvait après la mort. Celle-ci leur confia le secret de la Brumeterre, lieu entouré de brouillard où vont l’âme des défunts digne après la mort, et comment y accéder.
Se décidant de s’y rendre pour à la fois s’y reposer, et préparer un lieu de repos pour les Kelts dignes, les Dames laissèrent leurs dernières leçons à l’âme la plus noble dans les corps le plus faible : Tuan Ruith, le premier Druide. Puis, dans un dernier sourire commun, elles s’enfoncèrent dans le Mur de Brouillard, guidées par Kiara. Depuis ce jour, la croyance Kelt veut que toute intervention des Dames dans le monde mortel se fasse par l’intermédiaire de jeunes femmes splendides aux oreilles en pointes, nées des fleurs et des fruits : les Fées.
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Gwenaëlle est la première des Dames. Gardienne de l'Éveil, c’est elle qui protège les enfants et les foyers. Présidant l’Hiver, elle est souvent représentée avec un âge apparent de quarante ans, des cheveux blancs, des yeux gris et une tenue bleue. Ses attributs sont le Gui, la Biche, le Bouclier et le Foyer. Elle apprécie la protection des siens, en particulier des enfants, la retenue et la vie en famille. Elle désapprouve la vie en solitaire, le conflit et abhorre par dessus tout le meurtre des enfants. Il est vu comme tabou d’allumer des feux durant sa saison, les Kelts protégeant donc ceux qu’ils ont déjà allumés.
Eveline est la seconde des Dames. Régente des Terres, c’est elle qui protège la nature et ceux qui cherchent à y progresser. Présidant le Printemps, elle est souvent représentée avec un âge apparent de vingt à trente ans, des cheveux roux, des yeux verts et une tenue verte. Ses attributs sont le Frêne, la Chèvre, les Outils et l'Atelier. Elle apprécie toute entreprise de création ainsi que la vie en couple. Elle désapprouve l'inaction face à la souffrance d'autrui et abhorre par dessus tout la mise en danger d'êtres chers à des fins égoïstes. Il est vu comme tabou de tuer durant sa saison, sauf pour se nourrir ou pour survivre.
Morrigan est la troisième des Dames. Régente des Cieux, c’est elle qui protège les guerriers et les dirigeants. Présidant l'Été, elle est souvent représentée avec un âge apparent de trente à quarante ans, des cheveux rouges, des yeux gris et une tenue rouge. Ses attributs sont le Chêne, l'Ours, les Armes et la Grande Place. Elle apprécie la vie en solitaire, les conflits et les exploits. Elle désapprouve la lâcheté, la passivité et abhorre ceux qui brisent leurs serments à qui elle refuse la Brumeterre, sans exception. Il est vu comme tabou d'éteindre un feu durant sa saison autrement que par la pluie.
Kiara est la dernière des Dames. Gardienne du Repos, c’est elle qui protège les êtres en sommeil, les défunts et les érudits. Présidant l'Automne, elle est souvent représentée avec un âge apparent de dix à vingt ans, des cheveux blonds, des yeux bleus et une tenue jaune. Ses attributs sont le Saule, le Hibou, le Bâton et le Cimetière. Elle apprécie le silence, l'observation, les secrets et le deuil. Elle désapprouve l'irrespect des traditions, des superstitions, le manque de considération à l’égard de la vie, l’appréciation de la mort et abhorre l'usage de la force aveugle. Il est vu comme tabou de trahir un secret durant sa saison.
Départ vers les brumes | (par Tianhua X) |
La Brumeterre est l'au-delà pour les Kelts. C’est là où se sont exilées les Dames, désireuses de créer un endroit de repos pour ceux s’en étant montrés dignes. Les braves qui y entrent aident alors les Dames à participer à l’harmonie du Monde, se voyant confier la charge du souffle des vents, de la chaleur du soleil, du rythme des rivières, et étant réunis avec les anciens Kelts s’étant eux aussi montrés dignes. Des sanctuaires existent afin de passer vers la Brumeterre. Disséminés dans la nature et gardés par des druides, ce sont des grottes, cascades, ponts naturels ou autres qui forment des points de passages privilégiés vers cet au-delà.
Lorsqu’un esprit brave s’y rend pour mourir, et qu’un druide prononce la bonne formule, alors la porte s’ouvre, et il pourra rejoindre la Brumeterre. Malheureusement, si l’esprit n’est pas méritant, le portail restera fermé. Il arrive également qu’un esprit méritant mais parjure réussisse à ouvrir la porte. Dans de tels cas, c’est la Dame Rouge en personne qui viendra lui barrer la route, à moins qu’il n’ait pu obtenir repentance pour ce crime.
Le Breith célèbre la fin de l’ancienne année et le début de la nouvelle. De par la bénédiction de la Dame Bleue, cette fête est notamment dédiée à la purification de soi et à la planification de l’année à venir, pour en diminuer les risques. Surtout portée sur la famille, cette fête est également l’occasion de célébrer les naissances, et pour cause : c’est à ce moment que les Kelts, qui ne gardent pas les anniversaires précis en mémoire, ajoutent tous un an à leur âge. Les nouveaux-nés sont donc officiellement âgés d’un an à compter de ce jour.
Alors que les derniers gels fondent, et que la verdure revient, l’Anaïl célèbre la fin du repos hivernal et le retour à l’activité, alors que la Dame Verte vient raviver les cœurs des Kelts. C’est une période d’activité intense chez ceux-ci, alors que sont lancés les “Première chasse”, “Première pêche”, “Première plantation” et ainsi de suite : peu compétitif, il s’agit plutôt de redoubler d’ingéniosité pour créer de nouvelles méthodes qui pourront être utilisées durant l’année, avec plus ou moins de succès. C’est également une saison propice aux ébats amoureux : on dit que toute activité de la sorte avec pour but d’obtenir un enfant sera couronnée de succès, Eveline voulant donner le sourire à Gwennaëlle avec pleins de nouveaux bambins pour l’hiver à venir.
Au milieu de l’année, zénith métaphorique de celle-ci, se trouve le Tionol, célébration de Morrigan, la Régente des Cieux. C’est un moment propice pour tout ce qui a trait à la gouvernance ou vie politique. C’est également la période des mariages, déclarations de guerre et autres affaires officielles. Pour ceux n’étant pas déjà occupés par cela, c’est le moment où la nature compétitive des Kelts ressort : jeux, courses, luttes, concours de chant ou de musique, tous les prétextes y sont bons pour faire la compétition, et être le meilleur.
La Cadal signifie la fin de l’activité après les récoltes, et le début du repos. Se déroulant au début de l'automne, et donc placé sous la protection de la Magicienne, il est propice aux événements magiques et mystiques. Durant cette fête, les portails entre le monde des mortels et la Brumeterre sont ouverts, permettant aux morts de venir offrir conseils aux vivants sur leurs tracas actuels. Ces conseils, parfois prophétiques mais souvent énigmatiques, sont ensuite à l’origine de nombreux songes que le Kelt doit ensuite interpréter. C’est en partie pour cette raison que l’assemblée des druides a lieu sur les derniers jours de celle-ci, afin que ceux-ci aient eu l’occasion de réfléchir à ces visions oniriques.
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Tuan Ruith est le premier Druide. Choisi par les Dames pour sa noblesse d’âme, malgré un corps frêle et difforme, il a appris d’elle les secrets du Chant des Dames, qu’il a ensuite enseigné à ses apprentis, alors que les Dames partaient finalement dans le brouillard. Mort depuis longtemps, il est néanmoins toujours présent, revenant à chaque Cadal afin de lancer le Conseil des Druides, qui a lieu ce jour-là. Apparaissant dans leur esprit et leur donnant leurs songes dès le premier jour de celle-ci, il les attend ensuite, au dernier jour, à la Breith an Ruith, la Naissance de la Roue, lieu mythique où les trois Dames seraient devenues quatre. Assis dans l’antique foyer où les restes du Fruit ont été brûlés, il attend que les autres druides ne le rejoignent, ne s'assoient en tailleur autour de lui et ne discutent.
Tous les enfants Kelts ont un jour tenté de suivre le druide de leur tribu au Breith an Ruith, et de voir le lieu mystique de leurs yeux. Son emplacement est un des secrets les mieux gardés, transmis uniquement de bouche de druide à oreille de druide depuis la Descente du Printemps, et pour cause : la Dame Jaune elle-même veille à ce que nul autre n’y ait accès, enveloppant de la même brume qui marque la frontière avec la Brumeterre les druides y voyageant, pour les dérober aux regards de ceux qui voudraient les suivre, qu’ils soient enfants ou plus grands. Les seuls, à part les druides, ayant eu l’autorisation de le rejoindre sont les plus grandes âmes du peuple Kelt, dont la bravoure a été reconnue même avant leur mort, alors qu’ils sont eux-mêmes sur le point de passer dans la Brumeterre. Alors, l’antique foyer est de nouveau allumé, et c’est au travers de cette fumée que s’ouvre le portail qui les mènera vers leur dernière demeure. Il n’y a de plus grand honneur pour un Kelt.
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Si le reste de la Brèche appelle l’Ère de la Foi ainsi, pour les Kelts, elle porte le doux nom d’Ère des Légendes. Aujourd’hui encore, les enfants demandent régulièrement aux druides de raconter les histoires des grands guerriers qui réussirent à repousser la Théocratie durant la Guerre des Hommes. C’était l’époque où les Fées marchaient librement parmi les hommes, les aidant à vivre et à se battre durant la Guerre des Fées. Cette période culmina finalement avec la Descente du Printemps, quand Eveline elle-même descendit au sein de la Vallée des Dames, alors que les Armées de la Théocratie étaient aux portes de la Breith an Ruith. Entonnant un chant avec l’ensemble du peuple Kelt, elle balaya les forces du Dieu de la Guerre et, dans une mélopée telle qu’il n’en avait pas été entendue depuis la Création, remodela complètement la Vallée des Dames, dissimulant la Breith an Ruith au sein de la brume de Kiara pour que nul ne puisse tenter de la détruire de nouveau. Son œuvre achevée, elle sourit aux Kelts, et partit avec la majorité des Fées, mettant fin à l’Ère des Légendes. On dit néanmoins que certaines d’entre elles, s’étant épris de mortels, restèrent encore quelque temps, jusqu’à la mort de leurs amants avant de les rejoindre dans la Brumeterre.
Plusieurs décennies après la fragmentation du Grand-Royaume Frel, les Kelts, menés par l’un d’entre eux qui aspirait à la grandeur, ont mené un raid sur la Cathédrale Vermeille en plein milieu du Tionol, pour y dérober le Calice Carmin. Ce dernier était un artéfact légendaire, ayant permis le partage du sang du Dieu-Roi entre ses fils après sa mort. Le groupe réussit alors deux choses semblant auparavant impossibles : voler le Calice, et unir une nouvelle fois tous les Royaumes Frels contre un ennemi commun. Les armées sanglantes s’aventurèrent ainsi dans la Vallée des Dames, pour retrouver l’artefact, avant d’être repoussée par les tribus Kelts grâce à une attaque simultanée des Dvars, qui les força à retirer une partie de leur armée pour ne pas laisser leurs Royaumes sans défense. Le conflit entre les Frels et les Kelts continua ainsi jusqu’à l’annexion des Kelts par l’Empire de Pierre qui fit craindre aux Frels un conflit de plus grande envergure, jugé inutile pour une relique dont le pouvoir est déjà épuisé et l’importance purement symbolique. Le coupable disparu d’ailleurs avec l’artéfact, ayant visiblement décidé de l’emmener avec lui afin de rejoindre la Brumeterre.
Raid hors de la forêt | (Conscripts, par Filipe Pagliuso) |
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’annexion par l’Empire de Pierre des Kelts se fit de manière étrangement pacifique pour un peuple Manar. Acceptée à la quasi-totalité par le Conseil des Druides, cela fut fait au travers d’un pacte de vassalisation qui postulait en échange de laisser une autonomie politique relative aux Kelts, ainsi que la non-implémentation de technologie Ström dans la Vallée de la Dame. Ces termes ont pour l’instant était plutôt bien respectés, même s’il arrive que les Kelts ne doivent faire des rappels de celui-ci aux dignitaires de l’Empire qui lorgneraient bien sur des territoires supplémentaires où mettre leurs industries, notamment depuis l’accident de Blauerscham. Cet accident a d’ailleurs provoqué un exode de certains druides, qui essayent depuis lors de redonner son aspect d’antan à la nature de la zone, en vain.
L’heure de l’alliance | (basé sur Valkhaldur city square, par Tatiana Yamshanova) |
Lors de la lutte contre le Wisehead, Magnhilde Herling, le Fléau Blanc du peuple Skald, dévoreuse de chaire folle à lier, est descendue jusqu’en territoire Kelt, durant la Cadal. Sa raison lui ayant été rendue par la Wisehead, elle demandait aux Druides croisant sa route de lui ouvrir un passage vers la Brumeterre. Ses premiers raids furent dévastateurs, détruisant presque complètement certains clans Kelts, ainsi que des tribus Dyrvars. Ne pouvant laisser cela continuer, et malgré une saison peu appropriée aux arts de la guerre, les Kelts et Dyrvars firent une alliance, réunissant une petite armée le plus rapidement afin de la mettre sur sa route, composée de guerriers compétents et même de quelques armes Ströms, tant les lames ordinaires semblaient ne rien faire à la monstrueuse cannibale. L’armée était prête, et comptait l’affronter le soir même, mais, par coup du sort ou funeste destinée, ce ne fut pas une lune normale qui se leva cette nuit-là, mais une lune aussi rouge que le sang. Celle-ci plongea Magnhilde, comme tous ceux de son peuple, dans une frénésie meurtrière, semblant démultiplier sa puissance brute au détriment de son intellect. Seule contre tous, elle s’enfonça comme dans du beurre dans les rangs de l’armée, faisant tournoyer son imposante hache dans une main, fauchant plusieurs têtes d’un coup, alors que de l’autre, elle arrachait les coeurs de ses victimes, se gorgeant de leur sang et s’appropriant leur capacité.
Tout espoir semblait perdu quand, du haut d’une colline proche, un brouillard se leva, révélant toute une partie du Conseil des Druides, qui avait interrompu en urgence sa réunion pour venir en aide. Comme sentant le danger, Magnhilde se mit à mugir et à courir vers eux, mais les guerriers encore debout ne l'entendirent pas de cette oreille. Se jetant devant elle, pour l’arrêter, refusant de la lâcher alors même que la force quittait leur corps, ils offrirent une minute, une précieuse minute au Conseil, qui leur permis de terminer leur chant en l’honneur des Dames, ouvrant un immense portail dans la brume, libérant, au son de cornemuses spectrales, les anciens héros Kelts, venus défendre leurs terres ancestrales. Magnhilde, face à un adversaire qu’elle ne pouvait ni tuer, ni dévorer malgré le bouillonnement de son sang apporté par la Lune Rouge, fut repoussée, battant finalement en retraite à la recherche de proie moins coriaces. Alors que les héros rentrèrent de nouveau dans le portail de brume, il est dit que les âmes des morts durant la bataille mais ayant combattu jusqu’au bout se relevèrent également, rentrant avec eux en Brumeterre.
La forêt ensanglantée | (Blood Marsh, par Randy Hagmann) |