« L'Univers est vaste. Ses paysages, sa faune, sa flore, ses cultures et ses mystères sont d'une innombrable variété et l'histoire qui a façonné les mondes est trop longue pour être résumée. Ainsi, les érudits étudient et consignent les facettes de cette réalité en de larges ouvrages. C'est en l'un d'eux que vous trouvez réponse à vos questions. »
Peu d'êtres vivants de nos jours ne réalisent la chance que nous avons d'être nés à cette ère. Nos craintes, nos dangers, nos souffrances sont le fait d'entités terrestres, que nous pouvons aisément appréhender et affronter. Nombreux sont les habitants du Premier Âge qui auraient aimé avoir cette chance... - Chancey Norwich, Sorcière du Nord
Les connaissances des races mortelles sur le Premier Âge sont particulièrement fragmentaires. Néanmoins, certains savoirs sont restés, signes de l’impact culturel traumatique majeur qu’eut cette période. Ce ressenti s’atténue au fil des années, fait notamment prouvé par la reprise du commerce avec les caravanes Neivars, chose impensable durant la première moitié du Deuxième Âge.
Le Premier Âge commença avec l’apparition des diverses races qui peuplent aujourd’hui la Brèche. Il est dit qu’apparurent tout d’abord les Premiers Nés, les Alfars, naissant de la Gardienne, avant que celle-ci ne s’unisse avec les Sauvages pour créer les différentes races de Dyrvars. Certains Sauvages furent divinisés, s’élevant à la qualité de Dieux Sauvages, et formant ainsi la base du Panthéon de la Brèche. Cette période est un âge de légende, de héros et de combats titanesques.Vinrent ensuite les Neivars, et leur sinistre empire, puis les Manars, héritiers des héros. On ne sait rien des Dvars à cette époque, et bien que plusieurs théories existent sur la raison de cela, aucune n’a de preuves solides sur lesquelles s’appuyer.
Le nom revenant le plus souvent à propos du Premier Âge, mis à part loin dans la Clairière du Nord, est celui de “l’Empire Neivar”, dont le pouvoir était assuré par d’abominables démons, invoqués au travers de sacrifices toujours plus nombreux des membres d’autres races. Il est difficile de faire la part des choses entre la vérité et la légende concernant cette période, mais les récits transmis oralement chez les sages Dyrvars décrivent une noblesse dépravée, s’accouplant avec le démoniaque et s’entredévorant dans le but d’acquérir plus de puissance.
Au milieu de cette ère d’horreur permanente, des noms de figures importantes, connues pour leurs méfaits, sont arrivés jusqu’à nos jours :
Kainan le Fanatique, un Empereur qui aurait traqué et capturé toute une race Dyrvar afin de la sacrifier aux Forces qu’il vénérait. Heureusement, un d’entre eux échappa à son regard, dissimulé par un Alfar de la tribu de l’Est. Faillissant ainsi à son rituel, il fut maudit pour l’éternité par l’abomination qu’il avait invoquée.
Salaún le Libérateur, un Empereur estimant que tout Neivar devrait pouvoir vivre sans travailler : un rêve qu’il aurait rendu possible en soumettant de nombreux autres peuples à l’esclavagisme. Face aux désobéissances trop nombreuses des captifs, il aurait finalement choisi d’arracher leur âme de leur corps, faisant de ces derniers des pantins corvéables à merci.
Melech et Marika les Éclairés, des jumeaux qui plongèrent l’Empire dans une guerre de succession sans équivalent depuis. Il est dit qu’à l’apogée du conflit, la naissance et l’usage de leurs terribles inventions exigeaient tant de sacrifices que des régions entières furent vidées de leurs habitants.
Ces noms ne sont que ceux revenant dans le plus grand nombre de régions, mais des exemples plus locaux — parlant surtout de gouverneurs provinciaux — peuvent également être trouvés dans divers lieux de la Brèche.
Néanmoins, la pire exaction reste dans les mémoires des peuples de la Brèche, comme une cicatrice indélébile. Au sommet de sa puissance, l’Empire attaqua l’If, l’Yggdrasil, l’Arbre-Monde protégeant la vie au sein de la Brèche, le réduisant en fragment pour leurs sombres desseins. Face à cette atrocité, c’est le monde entier qui se révolta : du sang se mit à tomber des cieux, alors que les flammes comme l’eau s’emparèrent de régions entières. Les peuples sombraient dans la folie et la souffrance tandis que la logique elle-même soubresautait comme une bête mourante. Et les Neivars, bien loin de craindre ce qu’ils avaient déclenché, se complaisaient dans cette folie, se vautrant en son sein comme un porc dans sa bauge, le pouvoir qu’ils avaient obtenu de l’arbre leur permettant de régner dans cet enfer fait monde.
Au plus profond du désespoir, une lueur se mit cependant à briller. Dans les ténèbres, d’anciens Alfars réussirent à monter une communauté, à laquelle s’allièrent les Dyrvars en état de le faire. Ils préparèrent la libération du monde, jusqu’à ce qu’un jour, tel une réponse à leurs prières, plusieurs héros émergèrent, en grande majorité des Manars, refusant de tolérer plus longtemps la cruauté des Neivars. Face à ce signe du destin, les Alfars de l’époque, usant d’une magie aujourd’hui disparue, auraient réussi à fermer le portail entre les Mondes, interdisant aux démons de pénétrer dans la Brèche. C’est ainsi que commença la lutte contre l’Empire.
Ce conflit pour la liberté des siècles dura des siècles et des siècles, car l’Empire était puissant, usant de rituels interdits pour bafouer même les lois les plus sacrées du monde. Nombreuses furent les batailles menées à cette période, parfois menée par les Dieux eux-mêmes, étant revenus parmi les vivants afin de libérer les leurs des affres de l’Empire Neivar. Ce qui est certain, c’est que celles-ci dévastèrent la Brèche : on dit que les Volcans de Rotberg furent le résultat d’un de ces affrontements cataclysmiques. Des Clairières entières furent dévastées, et durent être absorbées par la Sylve pour en réparer les dégâts. Le Nord tout entier fut, après une seule bataille, recouverte d’un dôme de glace si épais qu’elle ne fondit qu’après plusieurs centaines d’années, durant le Second Âge.
Après une longue période de guerre, et une période toute aussi étendue de reconstruction, durant laquelle l’Yggdrasil repoussa de ses cendres, la vie put reprendre son cours normal. Les Lifars, êtres mystérieux vivants au sein de l’Arbre-Monde, créèrent l’Ordre des Gardiens de l’If, chargé de protéger la vie au sein de la Brèche ainsi que d'empêcher les Neivars de recommencer leurs exactions. Ainsi s’acheva l’Âge des Légendes. Ainsi commença le Deuxième Âge.