« L'Univers est vaste. Ses paysages, sa faune, sa flore, ses cultures et ses mystères sont d'une innombrable variété et l'histoire qui a façonné les mondes est trop longue pour être résumée. Ainsi, les érudits étudient et consignent les facettes de cette réalité en de larges ouvrages. C'est en l'un d'eux que vous trouvez réponse à vos questions. »
Il est parfois vertigineux de penser à la puissance qui peut être commandée par un seul être. La plupart du temps, cette puissance dépend d'autrui : un dirigeant n'est que peu de chose sans son peuple. Mais il se peut, comme dans le cas de Magnhilde, que cette puissance soit intrinsèque, fait aussi excitant que terrifiant. - Chancey Norwich, Sorcière du Nord
A la fin de la Percée Vengeresse, les navires Frels rescapés tentèrent de fuir le plus rapidement possible leur poursuivante, allant toutes voiles en direction de l’Arche, espérant que la forteresse soit suffisante pour leur porter refuge. Magnhilde sur leur talon, ils traversèrent de nouveau la Sylve, réussissant à atteindre l’imposant ouvrage, avertissant les défenseurs de ce qui arrivait. Mais, avec trop peu de temps pour se préparer, ils ne purent résister à l’arrivée du Fléau Blanc.
Arrivant à pleine vitesse, les flèches semblaient rebondir sur sa peau. Sautant, elle abattit un violent coup de hache sur le pont-forteresse, qui se mit à trembler, des fissures apparaissant en son centre. Comprenant que leur forteresse ne tiendrait pas un second coup comme celui-là, les Frels se mirent à évacuer, mais il était trop tard. Magnhilde frappa de nouveau, et, telle du vieux bois devant le bûcheron, le pont s’ouvrit en deux, s’effondrant alors que la répartition de son poids n'était plus assurée par des piliers.
De la vénérable forteresse, il ne reste depuis qu’une série de tours fortifiées. Même si la Compagnie Riveraine monte toujours la garde, la forteresse est devenue bien moins puissante qu’à l’époque où elle était complète, laissant significativement plus de flottes du Kraken passer. Aeler a proposé son aide au peuple Frel pour la rebâtir, mais estime qu’afin de la rendre vraiment impénétrable, un cadavre de dragon serait nécessaire, afin d’utiliser écailles et os comme matériaux. De nombreux Frels ont tenté d’aller vaincre un dragon pour permettre la reconstruction de l’Arche, mais pour l’instant, aucun n’a réussi.
Pour revenir à ce jour funeste, de nombreux Frels moururent sous les décombres ou noyés et les autres, désorganisés, durent fuir ou se faire dévorer par la Mort Blanche. L’Arche était tombée, et Magnhilde progressait désormais inexorablement vers le Sud, dévastant les villes se trouvant sur son passage. Malgré l’appel aux armes du Roi de Damasius, nul ne semblait pouvoir l’arrêter, et, chaque jour passant, cette dernière avançait, lentement mais sûrement, en direction de la Vallée Messenne et de la Cathédrale Vermeille.
Cette fois-ci, c’est le Héraut de l’Union en personne, Télémaque d’Hyrnem, qui convoqua les régents à la Cathédrale pour mettre en place un plan de défense. Le roi de Rubeus étant mort lors de l’attaque de l’Arche, c’est sa fille, Catherine de Sicara, Quatrième Reine de la Lignée des Sicara, qui prit sa place en urgence. Le conseil fut particulièrement tendu, Leviosa accusant les autres royaumes de s’être précipités avec leur attaque, attirant Magnhilde sur eux, tandis que les autres royaumes reprochaient à Leviosa sa non-intervention.
C’est au sein de ces conflits que Télémaque s’illustra, réussissant à mener la discussion avec une main de fer dans un gant de velours. En la remettant quand appropriée sur les rails, et en sachant raisonner même avec les plus têtus, un accord fut vite atteint : les quatre royaumes devaient absolument s’unir pour éviter la chute de la Cathédrale Vermeille. Il était désormais connu, que ce soit grâce aux interrogations des prisonniers ou aux observations des soldats de la Percée, que les Skalds absorbaient les pouvoirs de ce qu’ils consommaient. Magnhilde ne pouvait avoir accès à la Fontaine Vermeille, où les conséquences risquaient d’être catastrophiques, tant celle-ci était imprégnée du pouvoir de Malta.
Un plan fut donc mis au point : si Magnhilde ne pouvait être vaincue sans l’arme du Deuxième Roi de Damasius, elle pouvait être déviée. Ensemble, la légion du Calice, connue pour ses forces montées, et la légion de la Bannière, la plus rapide des légions d’Infanterie, devraient attirer Magnhilde et la faire dévier de sa route, avec pour but de la réorienter vers le Nord. Une fois proche de la Sylve, une troupe de la Légion de la Justice devrait l’attirer de nouveau dans la Clairière du Nord en franchissant celle-ci. Cette escouade ne pourrait revenir, afin d’éviter que Magnhilde ne la suive de nouveau et ne revienne plus au sud.
Des volontaires furent sélectionnés, les troupes furent préparées et, alors que Magnhilde arrivait en vue de la Vallée, le plan fut déclenché, avec succès. La manœuvre dura, au total, six mois, Magnhilde déviant parfois de son itinéraire pour aller en direction de villages ou de villes, et devant être de nouveau attirée, mais, avec le sacrifice de nombreux Frels, elle finit par être ramenée dans le désert de glace en 2A884.