« L'Univers est vaste. Ses paysages, sa faune, sa flore, ses cultures et ses mystères sont d'une innombrable variété et l'histoire qui a façonné les mondes est trop longue pour être résumée. Ainsi, les érudits étudient et consignent les facettes de cette réalité en de larges ouvrages. C'est en l'un d'eux que vous trouvez réponse à vos questions. »
J'ai une rancune personnelle contre les conflits entre Frels, surtout à petite échelle. Non seulement est-ce un gâchis de vie monumental, mais, à l'inverse de l'Empire de Pierre, ou des Serviteurs, ils ne laissent presque aucune trace écrite, et leurs légendes sont grossièrement exagérées. - Chancey Norwich, Sorcière du Nord
À partir de la décennie 2A740, et ce jusqu’à celle de 2A780, la guerre changea quelque peu de visage au sein des Royaumes Frels. La Sécheresse avait grandement affaibli le Royaume de Rubeus et, dans une moindre mesure, le Royaume de Leviosa, tandis qu’une vague importante de tentatives d’invasions Skalds gardait le royaume de Damasius occupé. Trois des quatre royaumes pris dans des affaires internes, les guerres entre eux connurent une diminution drastique, chaque couronne préférant dédier ses légions à la défense de son territoire. Cela se fit au profit d’un autre type de conflit : ceux entre seigneurs vassaux d’un même royaume.
Bien que ces conflits aient existé depuis presque aussi longtemps que la division des Royaumes, ils avaient surtout lieu entre les nobles mineurs, les ducs et les comtes ayant tendance à considérer cela en dessous de leur stature, et préférant généralement soutenir leur souverain dans les conflits les opposant aux autres nations. Il est difficile de dire exactement la raison de ce changement de mentalité, mais il semble avoir été graduel : on note en effet une hausse de ce type de conflit, même avant 2A740, la tendance ayant été probablement augmentée par l’arrêt des conflits entre nations.
Ces conflits seigneuriaux, s’étendant majoritairement sur deux générations, changèrent durablement le paysage politique au sein des différents royaumes :
Au Royaume de Damasius, les Duchés du Nord, dont les armées, souvent aux contacts des Frels, avaient tendance à être mieux entraînées, et leurs légendes plus répandues, que celles des Duchés du Sud, conquirent peu à peu ces derniers. De huit duchés en 2A744, le Royaume passa, à force de mariages et de conflits, à cinq en 2A768, puis à trois duchés en 2A782, chaque famille ducale ayant une autorité à peine inférieure au Roi. Sentant venir de possibles problèmes, le Septième Roi de Damasius assit son autorité en les défiant un à un en duel, avant de triompher. Transmettant cette mission à son fils, ce combat pour gagner la loyauté de ses vassaux fut continué de génération en génération. Aujourd’hui, ce duel est devenu le bien connu “Tournoi de la Maison Royale” d’Estame.
Le cas du Royaume d’Altamira fut plus épineux. De par sa grande tradition héraldique, et le refus des nobles à abandonner la leur, les maisons nobles avaient une grande tendance à se séparer à la succession, plutôt que d’être transmises au fils ainé, comme dans les autres royaumes. Ainsi, le Roi d’Altamira avait un très grand nombre de vassaux, tous très peu puissants. Bien que les guerres internes ne changent pas à cet état de fait, elles eurent pour effet de renforcer la place de la Couronne en tant qu’arbitre entre les nobles, faisant de ce royaume le seul où l’autorité royale augmenta durant cette période.
La guerre intestine fut particulièrement sanglante au Royaume de Leviosa. Celui-ci, d’ordinaire calme et posé, avait vu une majorité de ses seigneuries plonger dans une guerre de succession après les morts “accidentelles” des meneurs de l’opposition durant la Sécheresse. Fabius de Leviosa tenta d’utiliser la Légion du Tombeau pour arranger le problème, mais cela fut remarqué, augmentant grandement la défiance envers la couronne, même après la mort de celui-ci et la montée sur le trône d’Hélène de Leviosa, la Neuvième Reine du Royaume. Une fois les combats finis, les nobles semblaient ainsi divisés en deux factions : la faction royale, qui soutenait l’agenda des Leviosa, ainsi que la faction noble, qui, bien que toujours loyale au pays, demandait qu’une plus grande indépendance ne soit donnée aux Nobles. L’intervention de Médée de Rouvage, héraut de l’Union de l’époque, qui était originaire de Leviosa, s’assura cependant que la division ne finisse en conflit ouvert entre les factions.
Finalement, en Rubeus, une maison noble sortit très clairement vainqueur de ces affrontements : la maison Sicara. Usant de la légitimité que leur conférait la dette qu’avait la couronne envers eux, ils se firent de nombreux alliés, ce qui leur permit d’attaquer les autres duchés les plus puissants du royaume. Rapidement, leur territoire devint si immense qu’il approchait la taille de celui sous contrôle direct de la famille royale. Cette dernière, désireuse d’arrêter l’ascension des Sicara, mais ne pouvant prendre de mesure directe sous peine de voir ceux-ci demander le remboursement de l’intégralité de leur dette… Chose que les Rubeus ne pouvaient pas encore se payer. Hélios de Rubéus, Huitième Roi du royaume, employa ainsi une manœuvre politique habile pour les stopper, élevant le Duc de Sicara au titre de Chancelier du Royaume, titre qui serait transmis à ses enfants. En tant que tel, il était garant de l’ordre interne de celui-ci, ce qui, en particulier, lui rendait moralement injustifiable toute déclaration de guerre sur d’autres voisins : de tels conflits perturbaient très directement ledit ordre.
À partir de 2A785, avec la stabilisation des politiques internes de chaque Royaume, et la diminution des menaces extérieures, les raids Skalds ayant quelque peu cessé et les Dvars étant en train de s’unir, les guerres entre eux se mirent à reprendre, même si aucun événement n’arriva véritablement jusqu’en 2A793.