« L'Univers est vaste. Ses paysages, sa faune, sa flore, ses cultures et ses mystères sont d'une innombrable variété et l'histoire qui a façonné les mondes est trop longue pour être résumée. Ainsi, les érudits étudient et consignent les facettes de cette réalité en de larges ouvrages. C'est en l'un d'eux que vous trouvez réponse à vos questions. »
Je me demande parfois si les Mühnirs essayent volontairement de se faire haïr. La peur qu'ils cultivent semblent servir autant leurs intérêts que les massacres qu'ils commettent, et deux frappes d'affilés sur des mariages, moment de joie et d'allégresse, ne semble pas être une coïncidence. - Chancey Norwich, Sorcière du Nord
En 2A629, tout semblait au beau fixe pour le peuple Frel : une paix interne entre les Royaumes, une expansion rapide vers le Sud… Tout semblait annoncer qu’après les Dyrvars en leur temps, les Manars allaient être ceux à conquérir l’ensemble de la Clairière Est. Ce vent de poupe se renforça avec l’annonce, en 2A630, des fiançailles exceptionnelles. La fille unique du Troisième Roi de Damasius, Flavia de Damasius, surnommée la Demoiselle en Armure pour ses propres prouesses martiales, devait épouser le petit-fils et héritier du Deuxième Roi de Rubeus (ses parents étant morts d’un accident de chasse), Enée de Rubeus, aussi surnommé le Prince de l’Union, pour sa grande croyance en Malta et ses idéaux pacifiques.
Alors que le mariage devait avoir lieu à la Cathédrale Sanglante, il fut finalement fixé à la cité d’Estame, capitale de Damasius, à l’insistance de ce royaume. En effet, le second roi de Damasius, toujours en vie au sein de la Tour du Serment, refusait absolument de trop s’éloigner de celle-ci, et sa présence au mariage était vue comme capitale par son fils. En 2A632, alors que le front au sud de Rubeus s’était stabilisé avec le conflit contre la Théocratie et que le royaume d’Altamira continuait tranquillement son expansion en territoire Dvar, les grands de tous les royaumes se réunirent donc à Estame pour le mariage le plus important du siècle. Les quatre rois étaient présents, la plupart du temps avec leurs familles, de même que le Héraut de l’Union, qui devait officier pour présider au mariage.
Malheureusement, telle une répétition du Festin d’Émeraude, le ciel s’assombrit de nouveau quand tous étaient réunis autour de l'autel de Malta… Et l’enfer se déchaîna. Les Mühnirs attaquèrent et, pour la deuxième fois en un siècle, tentèrent de massacrer les participants célébrant l’union de deux êtres. Les Dyrvars Corbeaux avaient cependant commis une erreur fatale : n’ayant jamais été véritablement défiés lors de leurs massacres, la supériorité donnée par Skalheim étant trop écrasante, ils avaient cessé de véritablement se méfier. Cela leur coûta cher, car même à un mariage, les Frels n’étaient jamais sans leurs armes, et ils savaient particulièrement bien s’en servir.
Le combat fut brutal, et particulièrement violent. Les témoins disent que la mariée, encore vêtue de sa robe rouge de cérémonie, se battait à l’aide de son glaive, abattant tous les Dyrvars qui osaient l’approcher. Ce ne fut pas le seul exploit martial de la journée, dont nombre sont consignés (malgré quelques exagérations) dans “Le Mariage des Becs et des Lames”, un poème écrit par un barde d’Altamira qui a survécu à l’événement. Bien que les corbeaux furent repoussés, le prix fut terrible du côté des Frels : la Reine de Leviosa, le Troisième Roi de Damasius, le Héraut de l’Union et Enée de Rubeus lui-même furent tous tués dans la bataille.
Les Mühnirs, de leur côté, perdirent plusieurs Inquisiteurs de haut rang, ainsi qu’un grand nombre des leurs. On estime que cet événement est la raison principale de l’absence d’autres Festins avant le huitième siècle du Deuxième Âge. De plus, cela les força à repenser entièrement leur approche guerrière et diplomatique, les menant, entre autres, à rejoindre le Sommet du Capitole, et à sortir un tant soit peu de leur isolationnisme, négociant avec d’autres tribus Dyrvars. Inutile de préciser que les corbeaux sont depuis tués à vue dans les Royaumes Frels… Et que cela ne les a pourtant pas empêchés de mener des opérations là-bas, au prix, néanmoins, de pertes à chaque intervention connue.