« L'Univers est vaste. Ses paysages, sa faune, sa flore, ses cultures et ses mystères sont d'une innombrable variété et l'histoire qui a façonné les mondes est trop longue pour être résumée. Ainsi, les érudits étudient et consignent les facettes de cette réalité en de larges ouvrages. C'est en l'un d'eux que vous trouvez réponse à vos questions. »
Est-ce mal d'utiliser les cartes du front entre Rubeus et l'Empire comme casse-tête, lors des périodes de repos ? Si ça l'est, je m'en excuse, mais elles sont vraiment fascinante. - Chancey Norwich, Sorcière du Nord
Les manœuvres de Charles lors de l'Attaque de Leviosa ayant été absolument couronnées de succès, le territoire de Leviosa se retrouva grandement agrandi et, en attribuant ces nouveaux territoires à des nobles de la faction royale, l'influence de la famille régente dans son royaume fut également considérablement améliorée. Le seul point noir sur le tableau se situait au niveau de sa perception publique, qui avait pris un violent coup quand le bas peuple avait appris le discours et les actions d’Antole de Damasius.
Bien qu’il les supporta pendant un temps, vers la fin de sa vie, il se mit à ressentir le besoin de laisser une autre image à la postérité. Profitant d’une vague d’attaque Skald qui occupa Damasius comme Altamira, les empêchant d’attaquer Leviosa, il négocia une alliance avec les Sicara. Le but était direct : une attaque coordonnée sur l’Empire de Pierre, dont les défenses semblaient être un peu plus affaiblies que la normale. Il espérait, à l’instar de sa campagne contre les Damasius, une victoire rapide éclatante, puis une guerre très défensive.
Malheureusement pour lui, son plan ne fut pas aussi couronné de succès qu’il ne l’eût espéré. Bien qu’au début, l’infiltration puis l’attaque de plusieurs généraux Dvars par la légion du Tombeau furent un succès, lui permettant d’avancer sur plusieurs dizaines de kilomètres à la frontière, les Strömmeisters mirent rapidement au point de nouvelles défenses détectant spécifiquement les Manars et empêchant leur entrée au sein des zones de repos des généraux. Cela força un conflit bien plus frontal entre les armées des deux pays, où les Dvars gagnèrent rapidement l’avantage, les tactiques Leviosa ne s’étant pas encore adaptées à des adversaires dotées du Ström.
Au final, similairement à son choix contre Damasius, Charles ordonna à son armée de fortifier le front, créant la Citadelle d’Impero, afin d'empêcher que les Dvars ne puissent reconquérir le territoire pris. Une tactique de harcèlement audacieux de la part de la Légion du Tombeau, ainsi que plusieurs charges à des moments critiques par la Légion du Calice permirent de gagner assez de temps pour atteindre l’hiver, qui força une pause dans le conflit, et que Leviosa usa pour construire une série de fortins afin de tenir la ligne. En tout et pour tout, le conflit entre Leviosa et l’Empire dura jusqu’en 2A909 avant de redevenir une série d'escarmouches sur un front statique.
À l’inverse, le conflit du côté de Rubeus fut bien plus complexe. Avant même l’ouverture du conflit, Rubeus, grâce aux Moltos, avait demandé des cartes très exactes des réseaux de cavernes dans les montagnes frontalières avec l’Empire à plusieurs tribus de Dyrvars troglodytes, via le Capitole. En 2A906, se basant sur ses plans, Rubeus mena une attaque en profondeur dans les lignes Dvars, coupant plusieurs cités de ravitaillement. En plus de cela, ils engagèrent une troupe de mercenaires, les Plumes Noires, héritière des Aigles de la Nuit, réputée pour être capable d’utiliser les Anneaux Frels sur des armes à distances, afin de couper toute tentative impériale de créer un pont aérien pour ravitailler leurs villes.
Le Front devint ainsi rapidement une aberration en trois dimensions, aujourd’hui encore utilisé pour enseigner aux nobles et généraux des diverses nations la complexité maximale que puisse atteindre des plans stratégiques. Cela s’empira encore quand une partie des Plumes Noires trahit leur troupe pour rejoindre les Dvars et devenir les “Fusiliers d’Onyx”. Ajoutant à cela les hivers terribles de la région, qui forçaient l’arrêt des conflits pendant des périodes allant parfois jusqu’à six mois, et la guerre, en plus de sa complexité, traîna en longueur sur plusieurs décennies, à un point tel que certaines troupes étaient parfois oubliées par les états-major, puis redécouvertes quand elles faisaient une percée au travers de lignes ennemies (ou alliées) deux ans plus tard.
Désireux de mettre un terme à ce qui était devenu un gouffre financier, l’Empire de Pierre identifia un point stratégique dans les réseaux souterrains, un nexus ou plusieurs des plus larges passages, cruciaux pour faire naviguer des armées, circulaient, et se fixa pour but d’en prendre le contrôle. Ils y planifièrent la construction d’une cité forteresse, gigantesque, dont les souterrains s'enfonçaient pour connecter les différentes cavernes, et placer des avant-postes dans chacune d’entre elles, aisément joignables depuis la cité par un système d’ascenseur.
Ce chantier faramineux, celui de la cité qui deviendrait Arkhos, s’étala sur 16 ans, ralenti par le Festin de la Haute-Ville et plusieurs assauts Frels qui privèrent le chantier de ressource. Cependant, la mise en place progressive de chaque avant-poste et des ascenseurs afférents, qui s’acheva en 2A959, permit finalement au front de redevenir connexe, et aux généraux de véritablement comprendre ce qui se passait. Bien que la guerre aurait pu continuer, les Dvars ne désiraient aucunement dépenser plus dans un conflit qu’ils jugeaient inutiles, et enterrèrent très littéralement le front, postant les Fusiliers d’Onyx au sein d’Arkhos pour repousser toute tentative de Rubeus.