Univers SAVOIR EST POUVOIR

« L'Univers est vaste. Ses paysages, sa faune, sa flore, ses cultures et ses mystères sont d'une innombrable variété et l'histoire qui a façonné les mondes est trop longue pour être résumée. Ainsi, les érudits étudient et consignent les facettes de cette réalité en de larges ouvrages. C'est en l'un d'eux que vous trouvez réponse à vos questions. »

Quand on voit tout ce qui a pu être accompli par l'Empire de Pierre en à peine un siècle de paix, on en vient à désespérer de l'état du reste de la Brèche, seulement dû à des guerres incessantes. - Chancey Norwich, Sorcière du Nord

Les Fondations de l'Empire de Pierre

Les Chantiers Administratifs

Après l'ascension de Lothar Ier au trône impérial, il restait encore fort à faire pour rendre son nouvellement créé Empire un tout uni plutôt qu’un simple amalgame de quatre haut-royaumes. Les premières années après son couronnement furent donc dédiées, loin de l’honneur et des glamours, à de grands chantiers administratifs. Le plus urgent fut l’agrandissement significatif de la capitale, Herrenfeld, pour représenter la grandeur de l’Empire, ainsi qu’un code de loi commun à toutes les nations Dvar.

Dans un premier temps, l’Empereur n’avait d’ailleurs pas prévu d’infrastructures dédiées au Ström, ne comptant pas partager ce savoir avec le reste de son peuple, craignant que sa puissance ne fasse encore plus couler le sang. Ce fut Marnie Heimer, une de ses vieilles confidentes, qui réussit finalement à le persuader du potentiel pacifique se trouvant dans cette découverte. Ancienne ingénieure des Monts Adamantins propulsée à Conseillère de l’Empereur dans les affaires scientifiques, elle éprouvait une fascination très claire pour les capacités et applications du Ström.

Face à son insistance, l’Empereur accepta donc de lui révéler un infime fragment de son savoir, décrétant que le peuple Dvar devrait découvrir de lui-même le réel potentiel du Ström, et en gardant à l’esprit qu’il s’agit avant tout d’un vecteur de paix, et non de guerre. Marnie Heimer, forte de ces nouvelles connaissances, fonda le corps des Strömmeister, devenant ainsi la première Überstromeister. Elle créa également, par la même occasion, Strömhold, aujourd’hui encore la plus prestigieuse des académies permettant la formation de Strömmeister.

Malgré la création du code de loi, les communications entre les provinces restaient laborieuses, ce qui était un problème de premier ordre : le Kaiser envisageait un Empire s’entraidant en tout point, efficace, où les besoins des uns seraient assouvis par les forces des autres. Pourquoi miner profondément dans les Monts Verdoyants à la recherche d’un charbon presque inexistant quand il en existait tant dans les Monts Écarlates ? Malheureusement, le retard des messages rendait cela impossible : certains matériaux pouvaient être nécessités en urgence, et un retard sur une livraison de charbon, par exemple, parce que la lettre s’était perdue pouvait signifier la vie ou la mort d’un village des Monts Céruléens.

Sentant l’opportunité, le directeur de l’Union des Postes, Helmet Fastnach, qui avait entendu de ses contacts les griefs de l’Empereur, demanda audience avec celui-ci, avec un projet en tête. Venant avec de nombreuses cartes et autres rapports, il demanda à l’auguste souverain une quantité de fond astronomique, avec un objectif simple : la création de tunnels traversant l’intégralité du Bassin, reliant les quatre capitales de provinces entre elles, ainsi que plusieurs des autres villes importantes.

Son acharnement, son bagout et sa précision finirent par payer, car Lothar finit par accepter son offre, lançant l’immense chantier du réseau tunnelier de l’Empire de Pierre. Mal à l’aise cependant que l’Union des Postes, une entité privée, ne détienne une telle structure, d’importance stratégique vitale pour l’Empire, il déclara sa nationalisation, celle-ci devenant la Poste de Pierre, et Helmet Fastnach, le conseiller préposé aux transports.

Le chantier, quant à lui, absolument monumental, est le plus grand jamais connu de la Brèche. Il s’étala, dans sa totalité, sur plus de 120 ans, ne finissant qu’en 2A926, après de nombreux ajustements des plans, notamment une liaison à Corbel face à l'insistance — et aux larges donations — des Panolis. C’est aujourd’hui dans ce même réseau que se trouve les Hyperails Dvar, de longs chemins de fer sur lesquelles circulent des trains à très grandes vitesses, permettant de rallier la Capitale depuis n’importe quelle capitale de province en moins de trois jours, et ainsi aux gouverneurs de venir faire, une fois par mois, leur rapport à l’Empereur.

L’Immortalité du Kaiser

Avec les années, l’Empereur des Dvars, comme tous les siens, vieillissait et, rapidement, des discussions apparurent au sujet de sa succession. Celui-ci n’avait jamais pris d’épouse, ni jamais enfanté, donc tous les possibles étaient encore ouverts. Dès le début des années 2A800, alors que le Kaiser avait à peine dépassé son demi-siècle, la question fut abordée de plus en plus fréquemment à la cour. Nombreux étaient ceux qui, dans son entourage, s'inquiétaient que l’Empire ne subisse le même sort que le Grand Royaume Frel à la mort du Dieu-Roi.

Malgré les nombreuses questions et propositions, l’Empereur se refusait d’y répondre, proclamant que tout serait clair le moment venu. Bien que certaines personnes furent convaincues par ces mots, la plupart ne virent là que le refus d’un Dvar commençant à entrer dans ses vieilles années de voir son trépas. Aussi, alors que la marche du temps continuait inexorablement, les arrangements et complots visant à tenter de prendre le trône après la mort de l’Empereur devinrent légions.

C’est finalement en 2A817 que cela se produisit. À l’âge vénérable de 77 ans, l’Empereur n’arriva pas à se lever un matin. Très vite, son médecin, assisté de l’envoyé de Karna, fut dépêché pour tenter de le soigner. Bien que ce dernier ait une potion permettant de guérir le mal cardiaque dont le Kaiser semblait souffrir, le souverain Dvar refusa, proclamant que cela devait se passer ainsi, et qu’il s’agissait du début d’une nouvelle ère.

Le médecin et l’envoyé de Karna quittèrent donc les lieux, laissant le vieil homme passer ses derniers instants entourés de ses proches. Cependant, une heure plus tard, le palais entier trembla, d’une secousse qui fut ressentie dans tout Herrenfeld, et dont l’épicentre semblait venir des quartiers privés de l’Empereur. Alarmée, la garde se précipita dans leurs directions, faisant face à l’intégralité de l’entourage proche impérial, incluant la première Überstromeister, ayant une sorte de sourire béat et extatique au visage.

Au centre se trouvait un individu en armure lourde, un masque recouvrant intégralement son visage. La seule chose qui stoppa l’attaque des gardes fut l’immense gemme qui semblait enchâssée dans son poitrail, qu’ils étaient capables de reconnaître entre mille : il s’agissait de la dernière gemme de Lothar, la seule que l’Empereur n’avait pas utilisée lors de l’Unification, et qui était réservée pour “une bataille plus lointaine”, d’après ses dires. D’une voix grave, presque mécanique, la figure révéla finalement son identité. Le Kaiser avait réussi à transcender la mortalité et, tant qu’il serait en vie, l’Empire de Pierre ne s'écroulera jamais.

La nouvelle fut accueillie avec grande liesse par la population de la capitale, même si un peu moins par les nobles dont les complots venaient de devenir, d’un coup, inutiles. Ce jour est depuis devenu le seul jour férié de l’Empire : en l’honneur du travail éternel qu’a accepté d’endosser le Kaiser pour le peuple Dvar, ceux-ci le lui rendent en passant la journée à travailler gratuitement.