« L'Univers est vaste. Ses paysages, sa faune, sa flore, ses cultures et ses mystères sont d'une innombrable variété et l'histoire qui a façonné les mondes est trop longue pour être résumée. Ainsi, les érudits étudient et consignent les facettes de cette réalité en de larges ouvrages. C'est en l'un d'eux que vous trouvez réponse à vos questions. »
La Trahison Wulfir, aussi prévisible soit-elle en rétrospective, fut à l'époque une grande leçon pour la Brèche. Aux Dyrvars, elle apprit à craindre la colère des Gahrs, sentiment qui suffira durant toutes les premières années de la Théocratie à en garantir l'unité. Aux Alfars, elle apprit une vérité simple : les anciennes traditions ne les protégeaient plus. - Chancey Norwich, Sorcière du Nord
En 2A 87, dans un mouvement des plus osés, Piounil Pislav, Haut-Diplomate des Pilins, enfants du Dieu de la Paix, entra en contact de manière secrète avec les Dirigeants Wulfirs. Appuyant sur le mécontentement qui existait en eux depuis la perte de la Vallée des Dames, ou se trouvait nombre des leurs, il réussit à leur insuffler des idées de grandeur, des désirs de puissance. Car, bien que Wulfirs et Gahrs étaient originellement égaux au sein de la Ligue, les succès éclatants de Felguer avaient fait grandir le prestige et le pouvoir des enfants du Dieu de la Guerre, au détriment de ces premiers. Après une longue et discrète opération de persuasion, les Loups finirent par accepter l’offre des Pilins.
Alors que les armées de la Ligue d’Acier s'approchaient de Nhid, capitale des Pilins, elles durent passer par un col particulièrement étroit, lieu propice pour une embuscade. Comme à son habitude, Felguer envoya une avant-garde, pour vérifier que nul guet-apens ne s’y trouvait. À son insu, les généraux loups modifièrent ses ordres, afin que l’avant-garde ne soit composée presque uniquement de soldats, mais surtout d’officiers Gahrs. Puis, alors que Felguer était désormais l’une des seules haut-gradées de sa race présente, ils se mirent à donner des ordres contradictoires aux unités Oies avant de prendre leurs armes… Et d’ordonner aux Wulfirs présents de commencer le massacre.
La trahison fut brutale et surprenante. Les Gahrs, incapables de comprendre le pourquoi de l’attaque, commencèrent à se faire massacrer les uns après les autres, tandis qu’à l’intérieur de la tente de commandement, les meilleurs guerriers du peuple Loup faisaient face à une Felguer furieuse, comprenant l’ampleur de la traîtrise. Elle se mit à riposter brutalement. Le déroulé exact du combat a été perdu dans l’histoire, mais le résultat est su avec certitude : malgré le désavantage numérique, la Waermaester réussit à vaincre les généraux Loups, avant de rallier ses troupes d’un puissant cri de guerre. La trahison fut un échec, et ne laissa qu’une Felguer extrêmement en colère quand elle apprit qui avait susurré l’idée aux Wülffirs, en interrogeant un des prisonniers, menant au massacre de Nhid.
Après la conquète de la vapitale Pilinas, la nouvelle de la trahison se propagea comme une traînée de poudre, et les Gahrs crièrent à l’outrage, s’armant pour aller affronter leurs anciens alliés. Les Wulfirs, conscients de ne pas faire le poids avec la mort des plus puissants d’entre eux lors de l’échec de la Trahison, prirent la seule décision censée, et fuirent en direction de la Clairière du Nord. Passant les anciens territoires de la Ligue Cornue, ils traversèrent la Sylve, au niveau de la passe désormais connue comme la passe du Sanglier, et rejoignirent les terres glacées, là où les Gahrs ne les poursuivraient pas. Aujourd’hui encore, les Loups parcourent ces terres désolées, étant devenus avec le temps parmi les plus féroces adversaires des Skalds dans la région.