« L'Univers est vaste. Ses paysages, sa faune, sa flore, ses cultures et ses mystères sont d'une innombrable variété et l'histoire qui a façonné les mondes est trop longue pour être résumée. Ainsi, les érudits étudient et consignent les facettes de cette réalité en de larges ouvrages. C'est en l'un d'eux que vous trouvez réponse à vos questions. »
Une journée. Une journée où le sort du monde s'est joué. La Wisehead allait-elle rompre le statu quo, et s'emparer de la Brèche ? Ou est-ce que les nations existantes, porteuses de leurs histoires, réussiraient à s'en prémunir ? - Chancey Norwich, Sorcière du Nord
La stabilisation de la Brèche, suivie de la traversée des chaînes de montagnes par l’Armée Unie Frel prit la majeure partie de l’année suivant les Accords de Vulkan. Finalement, en 2A1090, les préparatifs étaient fin prêts, et une gigantesque force composée de l’Armée de Pierre, de l’Armée Frel unie, de Soleils Bienheureux et de Guerriers Maalkvis se trouvait autour du Capitole. Parmi eux se trouvaient les Cinq Immortels, héros de chaque race, dont la tâche pour cette attaque était simple : éliminer The One, dont la force semblait suffisante pour faire passer cette bataille du côté de la Wisehead. Les officiers ouvrirent leurs lettres, découvrant les objectifs fixés durant les sommets un peu plus d’un an plus tôt, et tous se préparèrent au combat. Cependant, le temps pressait : six jours avant le début de la bataille, la Wisehead avait commencé un chant d’invocation, entendu partout dans les environs, et d’une puissance telle que tous les experts de Karna et des Maalkvi en la matière étaient tout simplement terrorisés, n’ayant qu’une consigne : cette invocation ne devait pas se terminer.
La majorité des troupes avaient pour objectif de tenir celles de la Wisehead, des légions de monstres contrôlés par des Démons invoqués par le groupe. La plupart des exécuteurs avaient, quant à eux, l’objectif de tuer lesdits Démons. Une petite troupe d’entre eux, menés par l’Einmeiri, avait pour mission de pénétrer en profondeur les lignes ennemies, et d’interrompre, à tout pris, le rituel d’invocation. Chaque Archimage de la Wisehead avait également une troupe lui étant affectée, avec pour ordre de les neutraliser : la Sorcière de l’Ouest se chargerait de l’héritier du Sorcier de l’Est. Herr Stark, le Strömritter, devait mettre un terme aux crimes de Berthold Heimer. Finalement, Guillaume d’Altamira avait insisté pour s’occuper lui-même de Magnhilde. Alors que tous retenaient leur souffle, le Héraut de l’Union invoqua Malta elle-même, unissant toute l’armée afin de permettre à celle-ci de réagir comme une seule entité. L’Übermensch s’approcha du bouclier strömique entourant la ville et, d’un violent coup qui fit trembler la terre, réussit à fracturer ce qui avait tenu en échec l’artillerie de l’Armée de Pierre pendant des années. La bataille avait commencé.
Immédiatement, The One, engoncé dans sa désormais reconnaissable armure, se jeta sur l’Übermensch et, d’un violent coup, l’envoya voler dans les airs, où il fut rattrapé par le Garde-Cycle. Alors que l’abomination de la Wisehead accélérait en direction de l’Incarnation de Malta, pour empêcher celle-ci de continuer ses miracles, les cinq Immortels, dans une rapidité surnaturelle, l’entourèrent, alors que Sven prononça quelques paroles interdites. Immédiatement, un cercle inquiétant, semblable à celui d’une invocation démoniaque, apparut sous les pieds du groupe et, dans un éclair de lumière verdâtre, tous disparurent, ayant été emmenés par le Garde-Fel en direction du lieu prévu pour le combat, qui serait leur dernier. Mais, malgré la démonstration impressionnante de savoir magique et de force brute, le temps n’était pas à l’analyse : chaque membre de l’armée avait une mission à accomplir.
Toutes les opérations ne se déroulèrent malheureusement pas comme prévu. Tandis que la Sorcière de l’Ouest réussit rapidement à neutraliser son homologue, même si ce dernier préféra le suicide à la capture, le combat fut bien plus ardu face à Magnhilde. Celle-ci était chargée de garder Saint-Oäst, et, malgré l’avantage numérique et sa vaillance, la troupe de Frel fut décimée, les uns tombant après les autres. Rapidement, il ne resta que Guillaume, tendant comme il le pouvait de faire face à la Skald. Celle-ci, à l’opposée de son habitude, était d’un calme absolu, son visage figé dans une expression stoïque qui ne laissait trahir aucune de ses pensées. Après plusieurs dizaines de minutes de combat acharné, où seule l’excellente maîtrise de sa lame permit à Guillaume de survivre, ses provocations réussirent enfin à percer l’indifférence de Magnhilde, qui finalement daigna à ouvrir la bouche pour justifier ses actions.
Elle se mit ainsi à réexpliquer, presque mot pour mot, le Manifeste de la Wisehead, dont elle révéla être l’autrice grâce aux compétences obtenues d’Arianne. Ayant fini cette explication, c’est toujours calme qu’elle levât sa hache en direction du Frel, s’apprêtant à mettre un terme à ses jours, quand un bruit fut entendu derrière elle. Le Saint, incarnation du Dieu de la Guerre dans la Brèche, semblait avoir pris personnellement cette longue litanie sur la paix. Après s’être excusé, pour une raison inconnue, auprès de sa ravisseuse, il joint les mains pour une ultime prière, qui résonna, à l’image de la prière du Héraut de l’Union avant lui, sur tout le champ de bataille.
Magnhilde tenta de courir en sa direction pour l’interrompre, mais elle fut à son tour stoppée par Guillaume qui, voyant l’issue du combat tourner, se releva et, hurlant, l’attaqua, sa lame se plantant dans l’épaule de la créature, l’arrêtant juste assez pour que le Gahr ne finisse son appel. Une lueur aveuglante envahit les alentours, alors que pour la première fois depuis la Théocratie, le Dieu de la Guerre se manifesta de nouveau sur la Brèche. Liée à tous par Malta, la puissance des deux Dieux combinée démultiplia les capacités de l'armée unie, qui commença à s’enfoncer violemment au travers des autres forces.
La première attaque de la Divinité fut dirigée vers Magnhilde qui, face à un adversaire la dépassant, celle-ci dut se replier sur la défensive, tentant de parer coup sur coup, mais échouant régulièrement, alors que les plaies sur son corps se multipliaient. Le combat, à une vitesse dépassant l’entendement mortel, était si violent que nombre des troupes alentour furent écrasées alors qu’un des deux combattants était projeté à la vitesse d’un boulet de canon en leur direction. Magnhilde avait beau utiliser tout ce dont elle s’était emparée en dévorant ses proies pendant tant d’années, c’était juste assez pour ne pas mourir immédiatement face à l’incarnation même du conflit.
Heureusement pour elle, une autre bataille ne se déroulait pas selon le plan de l’armée alliée. Herr Stark, qui faisait face à Berthold Heimer, fut surpris par le mélange dérangeant du Ström et des Arts Karniques que celui-ci avait fait, transformant certains enfants Dyrvars du Capitole en bombes vivantes, qui se dirigeaient vers le Strömritter avant d’exploser dans une gerbe de particules de Macht, transformant ceux aux alentours en statue de cristal. Cette tactique, et le fait que tous n’étaient pas piégés, forçait Herr Stark à avancer avec une extrême prudence, laissant tout le temps à Bertold Heimer pour attaquer l’apprenti de son ancien partenaire avec son artillerie conséquente, semblant ne faire que peu de cas des pertes parmi les monstres qui lui servaient d’allié. Le fait de ne pas être directement en danger lui permit également de voir l’invocation, au loin du Dieu de la Guerre, et, observant la fureur et la puissance de Herr Stark être décuplées, alors qu’il couvrit presque la moitié de la distance restante entre eux deux en un bond, de savoir qu’il fallait absolument l’arrêter.
Tirant immédiatement plusieurs de ses plus puissantes roquettes à tête chercheuse dans la direction de l’avatar de la Guerre, il se fit soudainement interrompre par un violent coup, alors qu’Herr Stark venait finalement de l’atteindre. Le Strömritter ne lui laissa même pas le temps de revêtir son armure d’urgence, alors que, fou de rage, il continua de lui abattre coup sur coup pour le punir de ses crimes, vidant tout son armement sur le scientifique sans qu’il ne puisse y répondre. La puissance de feu déployée fut telle qu’elle fit perdre un de ses doigts à Herr Stark à cause du mal de pierre, mais, une fois la poussière retombée, le cadavre de l’ancien Überstromeister avait été complètement désintégré.
De son côté, l’Einmeiri, qui peinait à avancer à cause du nombre de ses adversaires, sut profiter de l’aide donnée par le Dieu de la Guerre et la Déesse de l’Unité pour grandement progresser, s’enfonçant avec ses Exécuteurs telle une ligne sanglante au travers des monstres. Pour chaque démon abattu, c’était tout un bataillon de monstruosités qui était libéré des ordres de la Wisehead, se mettant à se comporter telle une troupe chaotique, et attaquant aussi bien les alliés que les ennemis. Mais, plus les Neivars s’approchaient du point névralgique du rituel, plus les Démons en charge étaient puissants, et la progression difficile. Le Démon gardant l’ultime porte était une aberration, telle que l’Einmeiri n’en avait jamais vu. Mélange contre nature de chaire grouillante, se régénérant perpétuellement dans une parodie de naissance, et d’une ombre qui semblait dévorait tout ce qui l’approchait, incarnation même de la mort, il était assez puissant pour être, individuellement, considéré comme une incursion, devenant la 32ème incursion (la 31ème ayant déjà été déclarée et résolue quand un démon de niveau légèrement inférieur avait été abattu plus tôt dans la bataille).
Alors que Magnhilde était sur le point de périr, les roquettes d’Heimer touchèrent finalement leur but, stoppant l'avatar du Dieu de la Guerre dans un bruit de déchirure. Usant de cette unique chance qui lui serait donnée, la Skald le frappa d’un coup si puissant qu’il pulvérisa le bâtiment derrière le Dieu par la simple force de l’impact. Malgré cela, l’avatar n’était pas encore vaincu et, titubant, il tenta d’emporter la guerrière du Nord avec lui dans la tombe, par une frappe bien au-delà de la perception humaine. Magnhilde eut à peine le temps de s’écarter pour ne pas être décapitée sur le coup, mais la couronne qu’elle portait, artefact lui permettant de s'affranchir de sa folie, fut détruit.
Immédiatement, la guerrière impassible redevint une bête sauvage, alors que l’avatar du Dieu finissait de disparaître, laissant derrière lui le cadavre du Saint. La Skald se jeta sur lui, pour tenter de le dévorer, mais Guillaume, qui savait que Magnhilde ne pouvait mettre la main sur cette puissance, s’interposa de nouveau, parant ses coups avec difficulté. Finalement, après plusieurs passes d’armes, les blessures que l'avatar avait fait au Fléau Blanc la força à ralentir et, estimant la proie face à elle comme trop compliquée à tuer pour ce qu’elle valait, reparti à la recherche de repas plus faciles. Guillaume d’Altamira, épuisé, mais ayant survécu à cet affrontement à la limite du divin, choisit de sonner retraite, afin de sécuriser le cadavre du Saint, et de s'assurer qu'il reste hors de portée du Fléau Blanc.
La chute de l’Avatar retira le vent des voiles métaphoriques de l’armée, les faisant retourner à leur état précédent leur augmentation de puissance. Heureusement, la bénédiction avait été suffisante pour que les forces alliées ne prennent l'ascendant sur le Capitole. Le plus gros problème restait au niveau de l’ultime porte, où l’incantation semblait commencer à se conclure et où les Exécuteurs, face au démon d’une puissance si immense, commençaient à tomber comme des mouches. Sachant que le temps leur était compté, l’Einmeiri demanda au plus jeune des siens de ramener quelqu’un, n’importe qui, pour stopper le rituel, tandis qu’elle et les autres se chargeaient de mettre à bas la créature.
L’Exécuteur partit, les Neivars restants se rassemblèrent pour une dernière charge, avec un seul objectif : permettre à l’Einmeiri d’atteindre un point faible qu’ils avaient réussi à identifier, quoi qu’il en coûte. La charge fut un véritable massacre, alors que chaque exécuteur tombait, assimilé par la chair ou étiré et disparaissant à jamais dans l’ombre, mais, pas à pas, l’Einmeiri s'approchait de la créature, qui semblait se tordre en des formes innommables. Réussissant finalement à enfoncer son arme à la jonction entre les deux moitiés qui semblaient constituaient l'être, elle commença à pousser, alors même que son corps était avalé par l’insatiable gouffre, pour séparer les deux parties si dissimilaires. Dans un ultime effort, elle finit par déchirer le Démon, qui disparut dans un hurlement d’agonie en l’emportant avec elle. Alors qu’elle s’enfonçait dans l’abîme, elle put apercevoir, au loin, la forme de l’Exécuteur qu’elle avait envoyé chercher de l’aide… Poursuivie par une silhouette humanoïde mugissante.
Appâtée par celle qui deviendrait la nouvelle Einmeiri des Maakvi, Magnhilde déboula dans la salle de rituel, piétinant le cercle et interrompant la cérémonie qui était à deux doigts de se terminer. Pris de panique, les mages de la Wisehead en charge de l’incantation tentèrent de fuir, avant d’être massacrés par leur ancien archimage. Entendant que le rituel avait été arrêté, la quasi-totalité des mages encore vivants commencèrent à se disperser, voulant quitter le champ de bataille vivant. La plupart réussirent, mais seulement pour être rattrapés et massacrés sans pitié par les Munhirs, attendant toujours en embuscade.
La Bataille pour le Capitole était finie, et les Armées Unies de la Brèche étaient victorieuses.