« L'Univers est vaste. Ses paysages, sa faune, sa flore, ses cultures et ses mystères sont d'une innombrable variété et l'histoire qui a façonné les mondes est trop longue pour être résumée. Ainsi, les érudits étudient et consignent les facettes de cette réalité en de larges ouvrages. C'est en l'un d'eux que vous trouvez réponse à vos questions. »
Un de mes plus grands regrets est de ne pas avoir été là en personne pour consigner l'histoire des Guerres Vertes. Ces Kelts, en sous-nombre, résistant encore et toujours à un envahisseur pourtant si grand... Une histoire grandiose. Et certains se demandent encore pourquoi j'ai une sympathie pour les Manars... - Chancey Norwich, Sorcière du Nord
Les Guerres Vertes sont une série de conflits qui eurent lieu lors de l'Ere de la Foi, entre la Théocratie Gahr et les clans Kelts de la Vallée des Dames, pour le contrôle de cette dernière. Malgré la supériorité technologique et numéraire de la Théocratie, l'avantage du terrain permit aux Kelts de les repousser plusieurs fois, gardant le contrôle de l'intégrité de leur territoire durant la Guerre des Hommes et la Guerre des Fées, tels que sont nommés les deux premières guerres vertes. Le conflit atteint sa culmination lors de la troisième et dernière Guerre Verte, aussi nommée Descente du Printemps : lors de celle-ci, la Théocratie réussit finalement sa conquète, avant d'être repoussée au dernier moment par l'intervention de la Dame Verte en personne.
Après la Première Guerre de la Purge, Pergor Bellom, Waermaester de la Théocratie, tenta de mener d’autres opérations de purges contre le reste des Neivars dans la Clairière de l’Est. Malheureusement, ceux-ci étaient presque uniquement composés de réfugiés nomades - forme antique de ceux qui sont aujourd'hui la Tribue Maalkvi. Bien que cela occupe ses troupes, ce n’était pas ce que Pergor voulait. Il désirait une conquête digne de Felguer, marquer de sa plume l’Histoire de la Brèche et de la Guerre. C’est là que Pergor fut pris de ce qui lui sembla être un éclat de génie — il allait faire ce que Felguer elle-même n’avait réussi à faire. Il allait soumettre les peuples Kelts sous le giron de la Théocratie.
Après à peine dix petites années de paix, le Waermaester fit de nouveau sonner le tocsin de la mobilisation en 2A111, cette fois-ci en direction de l’Ouest. Les Dyrvars s’assemblèrent au début sans protester. D’après des lettres datant de la Stabilisation, ils anticipaient une nouvelle guerre des Purges loin dans la Clairière de Ouest, où ils pensaient que pouvait toujours subsister une présence Neivar, ignorant tout de la Fondation de Karna, et sachant seulement que la plupart des Alfars étaient partis dans cette direction. Pergor, surpris par l’enthousiasme de ses troupes, fut ravi d’utiliser ce prétexte pour la conquête des Peuples Kelts : la Sylve entre les Clairières Est et Ouest étant à sa plus fine au fond de la Vallée des Dames, cette dernière devait être conquise avant d’être utilisée comme point de départ pour la purge de l’Ouest.
Dans tous les cas, les armées de la Théocratie attaquèrent la Vallée des Dames avec pour ferme intention de soumettre ses habitants, et de les intégrer à leur nation. Les Kelts, bien plus belliqueux à l’époque de par l’influence des réfugiés Skalds, qui étaient arrivés à peine 50 ans plus tôt lors de la chute du dôme, refusèrent immédiatement, et ce qu’on appelle la Première Guerre Verte, aussi surnommée “la Guerre des Hommes”. Malheureusement pour eux, les armées de la Théocratie étaient cette fois-ci bien plus nombreuses, et, dans un premier temps, les clans alliés des Kelts enchaînèrent défaite sur défaite.
Tout changea cependant lors de la bataille du Mont et du Loch, qui marqua un tournant dans la guerre. Proche des berges du Loch Anar, plusieurs clans réussirent à prendre la Théocratie et Pergor en embuscade, ces derniers étant devenus arrogants et imprudents après leurs victoires. Les fixant sur place le temps que plusieurs de leurs druides ne chantent afin de provoquer l'effondrement d’une montagne proche, ils réussirent à provoquer la chute d’une grande partie de leur armée, Pergor inclus, dans l’eau, ainsi que la retraite des forces restantes. Encore une fois sans Waermaester, les Généraux sur place, désormais des différentes races composant la Théocratie, ne surent comment se partager le pouvoir, les Alfars en nombre insuffisant pour lisser le conflit. Finalement, la force expéditionnaire marqua une retraite, laissant deux tiers de la Vallée des Dames encore libres.
Après la Seconde Guerre de la Purge, la Théocratie repris ses Jeux de la Guerre pendant quelques décennies, jusqu’en 2A252. Cette année-là, de nouveaux troubles se déclarèrent à l’Ouest. Les Tribus Kelts, dont une partie du territoire était occupée par la Théocratie depuis la Première Guerre Verte, prenaient de nouveau les armes, inspirés par les vieux chants et légendes et attisés par la chaleur de l’été, particulièrement long et chaud.
Les provinces à l’Ouest tentèrent d’abord de gérer la menace, ayant l’habitude d’accrochages frontaliers avec les Manars. Mais, en se rendant compte qu’ils avaient affaire là à un assaut plus global, ils sonnèrent l’alarme. D’autant que, cette fois-ci, les Kelts n’étaient plus seuls, mais assistés par des légendes, marchant à leurs côtés : des fées, êtres aux pouvoirs variables selon la saison, capables de manipuler la faune et de prodiguer des soins miraculeux. Mais, contrairement à la menace Neivars, cette nouvelle attaque fut prise à la légère par le reste des provinces de la Théocratie, qui choisirent de ne pas envoyer leur aide. Pire encore, ils continuèrent la pression sur les provinces de l’Ouest dans le cadre des Jeux de la Guerre, voyant en cette faiblesse l’opportunité d'affaiblir ces régions fertiles et puissantes.
Immanquablement, les provinces occidentales se mirent à tomber, assaillies à la fois par leur propre pays et les assauts des Kelts. Ce n’est que lorsque les armées Kelts arrivèrent à l’ancienne frontière de la Théocratie, avant l’annexion de partie de la Vallée des Dames, que celle-ci ne réalisa, dans son ensemble, le danger. De plus, ajoutant danger à l’embarras, les Fées semblaient utiliser une puissante magie pour faire s'agrandir la Vallée des Dames, des arbres poussant à une vitesse décuplée sur des terres pourtant rocailleuses.
Frigra Nifder, un Gahr, fut ainsi nommé Waermaester dans l’urgence, et rassembla le plus rapidement possible les armées coalisées de la Théocratie pour stopper la progression des Kelts. Les armées Dyrvars rencontrèrent leurs homologues Manars à la Passe de Mactyr. Ces premiers avaient le nombre de leur côté, mais Frigra était réaliste : elle connaissait le nombre de soldat avec lesquels Felguer, avec son génie stratégique, avait affronté les Kelts, et le résultat de cet affrontement. Cette bataille, dans un lieu aussi étroit qu’un col, qui leur empêchait de déployer tout leur avantage numérique, allait être une défaite.
Elle fit donc le choix d’envoyer Sorhi Ackfin, membre de la tribu des Paons, en tant qu’émissaire, pour négocier une cessation des hostilités. Les Kelts, conseillés par les fées, acceptèrent le cessez-le-feu, heureux d’avoir retrouvé leurs terres ancestrales. L’humiliation fut terrible pour Frigra, mais la Théocratie n’était plus menacée.
Après la Deuxième Guerre Verte, Frigra rentra immédiatement au sein de la Théocratie, avec un plan clair : soumettre les Kelts. Mais, pour cela, il lui fallait de la préparation. Usant de son autorité de Waermaester, elle garda suspendus les Jeux de la Guerre, et au contraire demanda à chaque province d’envoyer ses troupes en direction du Capitole. Là-bas, les troupes furent entraînées à combattre dans un milieu semblable aux landes de la Vallée des Dames. Des agents Arniars furent dépêchés, capturant des Kelts dans le plus grand secret pour les interroger sur leurs clans, ainsi que leurs druides. Frigra apprit ainsi que les Kelts, loin d’être naïfs, s’attendaient à un assaut de sa part. Aussi fit-elle le choix de laisser leur vigilance s'endormir.
Pendant dix longues années, la Théocratie se prépara et s’entraîna, attendant que les Kelts ne pensent plus à leur éventuel retour. Puis, quand leurs éclaireurs indiquèrent que la vie était redevenue comme avant, que les bêches avaient repris la place des épées… Ils frappèrent. L’attaque fut rapide, et par trois points d’entrées différents. Les Kelts, pris aux dépourvus, opposèrent une vaillante résistance, mais furent repoussés par des armées méticuleusement organisées. Pendant un mois, l’avancée des Gahrs ne semblait connaître aucun revers, le temps que la défense des Manars ne s’organise et qu'ils ne soient capable d'opposer une résistance à l'envahisseur.
Avec la résistance des Manars, le conflits s'allongea, durant jusqu’à l’Hiver quand, forcées par les éléments, les armées se retranchèrent, se préparant au retour du Printemps. Du côté de la Théocratie, les stratèges comptaient frapper fort et tenter de mettre un coup de grâce aux armées adverses. Une immense force, la plus grande depuis la Chute de l’Empire Neivar, fut amassée, un cauchemar logistique à nourrir qui ne fut rendu possible que grâce à l'intervention de Cora, qui nomma un nouveau champion.
Quand le Printemps arriva, c’est toute cette force qui s’élança avec un but clair : frapper le bosquet central de la Vallée des Dames, où se trouvait la légendaire Breith an Ruith, la Naissance de la Roue, centre spirituel du peuple Kelt. Très rapidement, les Carnutes, les Dyrvars Cerfs, une tribu locale considérant également ces bois comme sacrés, vinrent en aide aux Kelts pour tenter de la protéger, mais cela semblait vain : l’armée était trop nombreuse, et malgré toute leur volonté, les plus braves guerriers Manars et Dyrvars ne purent que s’incliner face à elle.
Tout se joua finalement lors de la Descente du Printemps, nom donné à la fois à l'ensemble de cette guerre, et à la bataille spécifique qui eut lieu au bord même dudit bosquet, là où s’étaient réunis les Kelts et Carnutes encore en état de combattre, dans une ultime tentative de défendre le berceau de leur monde. Encore une fois, même les plus forts de leurs chants ne semblaient pas s’avérer suffisants, alors que les porteurs d’huile incendiaire de la Théocratie semblaient s’approcher de plus en plus proche du bosquet.
C’est au milieu de la bataille que tout changea. Des bois, chevauchant un lynx géant, sortie une femme aux oreilles pointues, grande et vêtue de vert. Malgré le fracas des armes, les Kelts présents, tel un seul être, se retournèrent en sa direction. Alors qu’une simple note d’un timbre de voix cristallin résonna dans l’air, tous surent que leurs prières avaient été entendues. De la Brumeterre, la Dame du Printemps était descendue. Et la situation ne semblait pas lui convenir. Alors que son chant se mêla au champ de bataille, la Théocratie put constater avec horreur que les adversaires qu’ils avaient mis au sol, certains aux portes de la mort, se relevaient, guéris miraculeusement de toutes blessures. Alors qu’ils repartaient à la charge, chantant de nouveau à pleins poumons la gloire des Dames, le sol lui-même se mit à trembler. Autour d’eux, les arbres se déracinaient, les rochers se mouvaient… La Vallée entière répondait à la complainte d’une des saisons, exprimant son courroux envers les envahisseurs.
Frigra donna immédiatement l'ordre aux Champions de faire appel à leurs Dieux, mais ceux-ci avaient été la première cible de la Dame du Printemps, et tous étaient, dans le meilleur des cas, inconscients. Sans autre choix, elle sonna la retraite, et l’armée tenta comme elle put de repartir, de quitter la Vallée qui semblait toute entière s’être transformée en piège. Les rares qui réussirent parlent d’une marche de plusieurs jours, pourchassés par des Kelts qui ne semblaient jamais fatigués, alors que le paysage se réorganisait contre eux mû par la voix qui ne cessait de résonner dans les cieux entiers de la vallée. Et, aussi incroyable que cela puisse paraître, ils disent vrai. Les cartes montrent clairement que, du jour au lendemain, la Vallée des Dames a complètement changé de géographie. C’est d’ailleurs depuis ce jour que le lieu de la Breith an Ruith est inconnu, celle-ci ayant disparue, mise à l'abri par la Dame du Printemps.